Deux parutions bien différentes : des cordes pincées et une grâce délicate d’un côté, des touches frappées et des envolées de l’autre de l’autre.
La harpiste Constance Luzzati nous propose un florilège de ses propres transcriptions pour harpe (avec parfois accompagnement de théorbe) de pièces de clavecin de François Couperin, Jacques Duphly, Pancrace Royer, Jean-Baptiste et Antoine Forqueray et Michel Corrette.
Il s’agit certainement d’un défi de virtuosité de sa part, mais aussi une volonté d’aborder un répertoire resté jusqu’ici étranger à la harpe.
Qu’il paraît bien difficile de transcrire du clavecin où la sonorité s’arrête après avoir relâché la corde à la harpe où le son perdure s’il n’est pas étouffé.
C’est une réussite : aisance technique, belles sonorités mais aussi du style – il est amusant d’ailleurs d’écouter La Forqueray de Duphly, ici à la harpe et au théorbe, avec la transcription d’Alexandra Lescure au piano : le même style avec des moyens bien différents.
Un très beau disque paru chez Paraty.
Dans la chanson « Maudit sois-tu carillonneur », il s’agit en fait d’un sonneur de cloches ; ici le carillonneur dispose, ui, de nombreuses cloches frappées via un clavier : « Les carillonneurs jouent de leurs poings pour faire sonner le bronze » – « Un carillon est instrument de musique composé d’au moins 23 cloches en bronze, accordées et jouées au moyen d’un clavier à bâtons ».
Adrien Parret joue sur cet enregistrement deux carillons, l’un de Miribel (Ain) de 1939, l’autre du château des Ducs de Savoie à Chambéry de 1993 (on notera que le premier pèse 7,5 tonnes, 33 pour le second – c’est dire la diversité des ces instruments tant en nombre de cloches, tessitures ou mécanismes).
Le programme mêle composition anciennes originales à des œuvres récentes et à des transcriptions d’œuvres célèbres (Bizet, Satie…).
Le tout paraît remarquablement joué par Adrien Parret (également organiste et facteur d’orgues) dans une belle justesse d’ensemble (la justesse des carillons est semble-t-il une avancée somme toute récente).
Un disque Hortus.
P.S. 1 : j’habite à côté du RER Nanterre-Préfecture, endroit qui dispose d’un carillon que j’appelle « mon carillon laïc atonal » ; c’est un carillon automatique qui joue une pièce courte toutes les demi-heures de la journée, aucun pièce religieuse et avec un accord entre les différentes cloches – je ne crois pas qu’il y en ait 23) plus que douteur. Je ne désespère pas trouver des informations à son sujet, il en existe au moins un autre en banlieue sud.
P.S. 2 : Un document intéressant sur les carillons.