Ce qui frappe sur la photo de la couverture, après la monture, c’est le fait que le manche de la guitare comporte dix cordes. C’est Maurice Ohana (1913-1992) qui en fut à l’origine, avec le concours de Narciso Yepes, cherchant à apporter de nouvelles combinaisons sonores à l’instrument.
Farouche opposant à la doxa post-dodéca – dès l’après-guerre, il développera néanmoins dans son langage très personnel des techniques innovantes, notamment le recours à des micro-intervalles. Né au Maroc, Ohana a été influencé par les musiques berbères, puis andalouses et vouera une admiration à la musique de Debussy (ainsi qu’à la peinture de Goya).
Son œuvre pour guitare comprend quelques partitions, dont un concerto pou guitare commandé par Yepes. On ne compte que très peu d’enregistrements de ces œuvres : hormis quelques récitals, une anthologie du guitariste espagnol Alberto Ponce (1974) et une intégrale de l’allemand Stephan Schmidt (1993). Le guitariste et théorbiste Olivier Pelmoine a donc eu la bonne idée de prendre la relève.
On notera la présence d’une transcription réalisée par l’interprète : le Concerto pour guitare et orchestre Les Trois graphiques, ici dans une version pour guitare, 2 percussions et piano, et une pièce pour deux guitares titrée en toute modestie « Anonyme du XXe siècle ». Chacun des deux CDs est consacré à un instrument : 6 ou 10 cordes.
C’est une musique toute de couleurs et d’ambiances ensoleillées. J’ai notamment beaucoup apprécié la variété et l’originalité sonore des sept pièces « Si le jour paraît », grâce notamment aux dix cordes.
Ce programme m’a paru excellement interprété par Olivier Pelmoine et est de plus est très bien enregistré.
À noter que l’on peut toujours trouver la version originale du concerto interprète par le créateur. Pour ceux qui s’intéressent à la peinture, j’ai pu repérer les natures mortes de Lubin Baugin (1612-1663), dont une illustre la première édition de cette version :