Je m’aperçois que cela fait déjà sept ans que j’avais interviewé ce pianiste original, j’avais été alors si enthousiasmé par son Carnaval. Nicolas Diatkine donne un seul concert annuel à Gaveau, du moins quand c’est ouvert. Je me rappelle y avoir entendu un Gaspard aussi original que convaincant : c’est que ce pianiste interroge les partitions et cherche sans cesse les motivations et les circonstances de leur création.
C’est à un voyage dans la création beethovénienne qu’il nous convie ici, voyage fortement documenté dans son livret. Son style plus apollinien que dionysiaque convient à merveille à l’op. 10 n°3 : beauté du toucher (et du piano très bien enregistré), articulations évidentes, il se dégage de l’écoute une impression de sérénité, sans aucun effet avec une superbe mis en valeur des voix.
On pourrait préférer un peu plus de carrure ou de fièvre dans l’Appassionata, caractéristiques que l’on retrouve dans nombre de versions un peu superficielles, mais on est ici tellement séduit par la sonorité toujours élégante et la façon de nous prendre par la main du début à la fin pour un voyage quasi schubertien.
L’op.108 débute avec toujours ce sentiment de sérénité ; on aimerait peut-être le 2e mouvement un peu plus « vivace » et « martial », mais son ambiance parfois rêveuse et la construction du discours font que l’on ne reste jamais sur le côté du chemin. Un très beau finale, jamais bruyant, toujours serein et qui à l’instar du disque entier donne l’impression d’un grand calme et d’une grande maîtrise de la partition.
Plus qu’un beau disque Beethoven, un disque inspirant.