cf. également une interview exclusive de Skip Sempé
Disons-le d’emblée : si d’aventure au Purgatoire, pour me faire patienter, on me proposait du Jean Gilles ou du Philippe Manoury par exemple, je choisirais sans hésiter le second : je serais sûr de ne pas m’ennuyer en le repassant plusieurs fois. .. Tout ça pour dire que je ne suis pas un grand fan de la musique baroque et encore moins des baroqueux en général.
C’est donc avec suspicion que j’ai mis ce CD de la Messe des Morts de Jean Gilles que l’on a bien voulu m’adresser et… je le trouve épatant !
Il s’agit de la restitution de la version donnée le 27 septembre 1764 à l’occasion des funérailles de Jean-Philippe Rameau, soit 59 ans après la mort de Jean Gilles (1668-1705). Le texte très intéressant de Skip Sempé nous apprend que cette œuvre avait été commandée par un mécène. Devant la faible rétribution proposée, il préféra en garder les droits, le réservant pour ses propres obsèques qui survinrent bien tôt… et ce requiem devint un tube au XVIIIe siècle.
Il s’agit de l’enregistrement live donné en mai dernier à Bruges. Une demi-seconde de réverbération en moins eut été appréciable, mais c’est peu de chose eu égard à la qualité de l’exécution : c’est à la fois solennel et surtout d’une formidable sérénité. Sérénité due à la maîtrise de ce claveciniste meneur de musiciens – excellents. On est loin de l’amateurisme des premiers ensembles baroques ou du maniérisme de nombre d’entre eux : l’intérêt ne faiblit pas tout au long de ces 63′. J’ai jeté une oreille aux versions disponibles : Martini, Caillard, Herreweghe, etc. Même si la version est ici un peu différente, et mis à part quelques trouvailles de Joël Cohen, il n’y a pas photo ! À noter quelques ajouts de pièces de Rameau ; on n’est pas sûr que le dernier « Air des esprits infernaux » tiré de Zoroastre soit bien à sa place, mais c’est tellement bien fait…
Cette œuvre sera donné les 17 & 18 septembre à l’Oratoire du Louvre, avec les 25 et 26oictobre, salle Erard, un concert pour 2 clavecins et de musique de chambre de Rameau avec Skip Sempé. Lien