Disques de contrastes :
- La Bien-aimée de Darius Milhaud (1928) et L’Oiseau de feu de Stravinsky (1910 – ici la Suite, version 1945) sont certes deux musiques de ballet, mais l’une est une orchestration de pièces de Liszt et Schubert quand l’autre inaugure la fameuse trilogie russe du compositeur.
- Le talent du chef Enrique Mazzola, véritable entraîneur et presque show man de la baguette, se met pourtant au service de la pédagogie et en quelque sorte de la recherche musicologique pour la reconstruction de l’œuvre de Milhaud.
- Et contraste frappant entre sa calvitie et la barbe du joueur de pianola, Rew Lawson !
Milhaud
A propos du pianola, citons Rew Lawson, son spécialiste mondial (rappelons L’Étude pour pianola de Stravinsky d’ailleurs) :
"Il s'agit d'un instrument pneumatique, fonctionnant par un système d'aspiration actionné par deux pédales à pied, qui utilise un rouleau perforé. Le rouleau est lu par une «flûte de pan» en laiton qui comporte 88 ouvertures, une pour chaque note du piano. Lorsque les perforations du rouleau rencontrent des ouvertures dans la flûte de pan, l'air descend le long d'une série de tubes et actionne les notes par une série de «doigts» recouverts de feutre placés au-dessus du clavier du piano normal. Une idée commune veut que le pianola soit un instrument entièrement mécanique, mais cela n'est pas exact. La plupart des rouleaux sont une transcription simple de la partition, aussi le pianoliste utilise les deux pédales pneumatiques pour créer les dynamiques ainsi que des leviers manuels pour le tempo, le phrasé de la musique, et pour actionner les pédales du vrai piano."
L’œuvre de Milhaud est une sorte de pochade basée donc sur des pièces de Schubert et Liszt :
1. Ouverture : Sposalizio / Liszt 2. Valse - Impromptu / Liszt 3. Valse III / Schubert, Liszt 4. Première valse oubliée / Liszt 5. Valse VI / Schubert, Liszt 6. Final : Grand galop chromatique / Liszt
Son orchestration mêle le précieux au dadaïste. Le Grand galop chromatique est proposé dans une deuxième version écrite par les deux protagonistes pour y inclure le pianola, avec même une cadence ! Puisqu’on aparlait pilosité, c’est ébouriffant, genre mix d’Islamey et de l’ouverture de Candide…
Stravinsky
J’avais été épaté il y a quelques mois par la qualité de l’Orchestre National d’Île-de-France et et la direction de son directeur musical, Enrique Mazzola, notamment dans Petrouchka. On retrouve ici les mêmes qualités dans la version de la Suite, de 1945 de L’Oiseau de feu. Rythmes, carrures, couleurs : c’est d’un niveau ‘international’ avec un supplément d’âme et des détails aux cordes rarement entendus avec autant de clarté.