David Grimal m’avait accordé un entretien il y a quelques semaines ; avec son orchestre les Dissonances, il donnait hier le Concerto pour violon et la symphonie n°4 de Beethoven à la Philharmonie, l’occasion de se rendre compte en direct des mérites de ces interprétations symphoniques sans chef d’orchestre.
L’orchestre réunissait environ 35 musiciens. Dans le Concerto, pas une seule indication donnée à l’orchestre par le soliste. Musicien complet, David Grimal est aussi un violoniste de haut rang. Son interprétation était superbe, avec une très belle sonorité, une magnifique projection du son, interprétation un peu froide peut être.
Le positif est dans les passages lents où l’orchestre joue vraiment de la musique de chambre, très habité, avec des moments magiques. L’orchestre est magnifique de maîtrise et d’homogénéité, même si les musiciens avaient une façon de jouer un peu placide et l’on aurait aimé un chef quand même dans certains moments pour relancer un peu le discours musical. Mais c’est que le vieux barbon que je suis est toujours conditionné par les rubatos de Furt ou Kub…
Mêmes sentiments à l’écoute de la symphonie, tempi très tenus, mais de magnifiques passages lents ; ce qui valide l’entreprise, c’est que l’on écoute cette symphonie forcément rabâchée de bout en bout : la musique vit. Un concert nettement au-dessus du lot habituel.
Il existe un documentaire en DVD « Oui chef ! » qui présente la démarche de David Grimal et des Dissonances. C’est un peu pro domo, mais intéressant, notamment le travail de répétition de l’orchestre ; la morale étant peut être donnée par Daniel Barenboim : si le chef est mauvais, il vaut mieux que l’orchestre joue seul !