Décidément, nos pianistes françaises nous gâtent, après l’album Liszt de Suzana Bartal hier.
Célimène Daudet, que j’avais interviewée il a déjà presque deux ans, après l’avoir entendu jouer Liszt justement, nous propose, après un très beau Messiaen / Debussy, un superbe programme Liszt / Scriabine :
Franz Liszt :
Lugubre Gondola, Schlaflos ! Frage und Antwort, Nuages gris, La Notte, Bagatelle sans tonalité.
Alexander Scriabine :
Poème n°1 & 2 op. 71, Sonate n°9 «Messe noire » op. 68, Poème-nocturne op. 61, Cinq Préludes op. 74, Vers la flamme op. 72.
On entend d’abord un très bel instrument – Yamaha I suppose – très bien capté et surtout le jeu de Célimène, avec un son à la fois plein et coloré. Sa Gondole est à pleurer tellement on est comblé d’entendre des chromatismes si sonnants, un sens du récitatif lisztien et une respiration d’une grande maîtrise, c’est bien simple en écrivant ceci, je la remets… et elle suffirait à bonheur, musical, mais voilà-t-il pas qu’elle donne également une Bagatelle magnifique ! Les vieux mélomanes comme moi avaient été sidérés par un vieil album de 1966 où l’on découvrait les dernières œuvres de Liszt. Mais je n’imaginais pas quarante ans plus tard les voir parées de tant de qualités pianistiques, malgré de nombreuses versions parues entre-temps.
L’énigmatique « Insomnie ! question et réponse » ou les Nuages gris – mystérieux à souhait – et la Notte sont aussi très bien rendus.
Les Scriabine sont aussi excellent, notamment la Sonate « Messe noire » et Vers la flamme (pour cette dernière un peu plus de « cambrure » façon Horovitz aurait été bienvenu, mais c’est vraiment pinailler), que de frissons à l’écoute !
Un disque magnifique.
(L’amoureux de la 2e École de Vienne attend une « suite »…). J’étais désolé d’être pris le 10 avril lors de son récital de lancement du disque à la Philharmonie, mais comme je viens de voir le Premier ministre tout annuler…