L’européiste invétéré que je suis se réjouis de voir un compositeur Allemand interpelé par des Espagnols dirigés par une Polonaise…
Bien qu’elle ait eu une grande activité à Paris ces dernières années, j’avoue n’avoir jamais entendu précédemment la cheffe Marzena Diakun (à noter qu’elle dirigera Durieux, Saariaho et Levinas le 21 mars avec l’EIC).
Superbe programme consacré à des œuvres chorales de Brahms, que l’on trouve rarement ainsi couplées :
Shickalslied op.54 Vier Gesänge op.17 Liebeslieder-Waltzer op.52 Rhapsodie pour alto op.53 Nänie op.82 Gesang der Parzen op.89
Shickalslied, qui débute le CD, est une réussite exemplaire – Si l’on peut trouver un plus grand dramatisme – plutôt noir – chez Bruno Walter (1961 – il l’enregistra le premier en 1941), c’est mieux joué, chanté et dirigé que dans la version DG d’Abbado avec Berlin dans un programme similaire.
Les équilibres, les phrasés (le chœur, qui semble nous interpeller), les tempi judicieux : on est aux anges, on respire avec la cheffe, comme si c’était Kubelík, je ne saurais mieux dire.
Justement, il se trouve que Kubelík n’a dirigé qu’une seule fois la Rhapsodie pour alto en concert avec la Bavaroise et Grace Hofmann (1962). Cette version est lente (15’16 contre 11’16 ici), habitée et sombre (les chefs du XXe siècle semblaient accentuer le côté sombre de la musique de Brahms). On a pourtant avec le duo Marzena Diakun / Agnieszka Relis (à la voix moins basse que celle de Grace Hofmann – une très belle atmosphère, globalement plus douce.
Le reste du programme est du même niveau et permet d’apprécier pleinement les qualités de l’orchestre et du très beau chœur, que ce soit par exemple dans Nänie – où l’on retrouve des tournures du Requiem allemand ou dans les plus fréquentés Liebeslieder-Walzer, joués avec élégance et beauté des timbres.
Pour ne rien gâcher, outre une belle introduction aux œuvres de Pierre Élie Mamou, le livret inclut tous les textes traduits en anglais, espagnol et français.
Une réussite parue chez l’éditeur espagnol lbs Classical