On peut avoir les cheveux teints en rose et pratiquer les instruments anciens… Marie Ross est une clarinettiste qui pratique aussi bien la clarinette ancienne que moderne. Elle possède de nombreuses clarinettes anciennes et a créé un site [EN] dédié à cet instrument et notamment à cet enregistrement.
Elle y explique ses conceptions interprétatives de la musique romantique : « l’élasticité », le fait que les instrumentistes ne jouent pas exactement ensemble à des fins expressives, etc.
J’ai comparé son enregistrement avec celui légendaire de Gervase de Peyer et Daniel Barenboim en 1968… On est frappé dans ce dernier par la présence du piano et la différenciation des timbres des deux instruments, avec un piano bien plus présent que le Steinway de 1875, mais on pourra être sensible à la délicate sonorité de la clarinette ancienne de Marie Ross, qui sonne moins « grand tuyau » que celle de de Peyer.
Je dirais que la clarinette ancienne a le mérite d’avoir une plus grande douceur, peut-être plus d’harmoniques aussi – cela sonne plus doux. Évidemment, un tel instrument ne pourrait être marié à une piano moderne comme celui de Barenboim, mais j’ai trouvé le vieux Steinway un peu effacé et terne.
Pour le trio op. 114, j’avoue préférer les instruments « modernes », par exemple la récente version de Itamar Golan, Kyril Zlotnikov &
Alexander Bedenko chez Orchid ; peut-être une question d’habitude (mauvaise ?) d’apprécier des sonorités pleines et tranchées.
A chacun son opinion, mais on peut apprécier de bout en bout les qualités de l’excellente musicienne qu’est Marie Ross.