C’est la première fois que les écrits de Béla Bartók sont disponibles en français en quasi totalité.
On y trouve dans l’ouvrage des présentations de certaines de ses œuvres ainsi que d’autres compositeurs (Strauss, Debussy, Ravel, Schoenberg, Stravinsky), des considérations sur la musique folklorique ou populaire et leur influence sur la musique savante.
Il y a de nombreux témoignages de Béla Bartók sur la vie musicale hongroise d’avant guerre – on notera l’importance attribuée à la musique de Liszt (même s’il écrit à propos de la Totentanz : « on trouve dans beaucoup d’œuvres de Liszt ce genre de petits détails saillants qui rompent l’unité de style »… – , sa haute considération pour son camarade Zoltán Kodály et la place musicale essentielle dans la Hongrie de l’époque de Ernő Dohnányi, notamment comme pianiste et chef.
On note son éloge du chef italien Egisto Tango (1873-1951), qui créera Le Prince de bois et Le Château de Barbe-bleue et dont le nom est bien oublié aujourd’hui*.
Bartok à toujours été considéré comme un compositeur « entre deux eaux », en témoigne son article sur « La nouvelle musique » : pas très clair, trouvant naturel le recours à l’atonalité et « en même temps » l’utilisation d’accords consonants. Cela me rappelle un article de Jean-François Zygel dans Diapason cherchant à démontrer à toutes forces que la musique du Château de Barbe-bleue n’était pas moderne du tout et, sans doute à la même époque, une publicité pour un enregistrement de Pierre Boulez du Concerto pour orchestre arborant un « sans mal du pays »…
Des lectures passionnantes, chaleureuses et engagées à l’image du compositeur. La traduction en français m’a paru excellente et le texte comporte les extraits musicaux des documents originaux.
Editions Contrechamps.
* : on ne trouve guère dans sa discographie que le Concerto pour violon de Nielsen.
Pour mettre tout le monde d’accord, un des plus grands enregistrements bartokiens à mon sens, Le Prince de bois, certes sans mal du pays » encore que… :