Est-ce le fait que Ligeti avait en quelque sorte dédié son pour trio pour violon, cor et piano à Brahms que cela nous vaut ce couplage ?
Le violon d’Augustin Hadelich (1984*) est de grande classe. Il est accompagné par l’Orchestre de la Radio de Norvège sous la baguette de son directeur musical, le péruvien Miguel Harth-Bedoya (ils avaient déjà enregistré ensemble le Mendelssohn et le Bartók 2).
Le premier mouvement du Brahms est traité comme une grande ballade, avec une très belle homogénéité soliste / orchestre, mais dans un tempo assez lent qui manque un peu d’animation. L’Adagio est en revanche une grande réussite dans une atmosphère de recueillement. Très belle prestation dans le 3e mouvement, l’orchestre manquant un peu de consistance.
On trouvera ici une présentation du Concerto pour violon de Ligeti, écrit à l’attention de Saschko Gawriloff, avec un effectif orchestral réduit. C’est une œuvre passionnante, déroutante, comme la mélodie au violon du 2e mouvement, presque romantique avant l’entrée en lice de vents complètement décalés harmoniquement. On notera l’importance de la partie de cor dans une écriture aussi virtuose et difficile que pour le soliste ; superbes atmosphères étranges dans le 3e mouvement avec comme des feux-follets aux vents. Suit une Passacaille envoûtante avant un dernier mouvement aussi déjanté que réjouissant. Cadence diabolique de Thomas Adès.
Cette œuvre a déjà été enregistrée plusieurs fois : le chef créateur de la mouture finale, Peter Eötvös et Patricia Kopatchinskaja en 2012, Reinbert de Leeuw et Frank Peter Zimmermann en 2001, le violoniste créateur Saschko Gawriloff et Pierre Boulez en 1994, Hae-Sun Kang et Matthias Pintscher en 2015, Christina Åstrand et Thomas Dausgaard en 2000, Benjamin Schmid et Hannu Lintu en 2014. Les « PTT » ayant 3 semaines de retard pour m’installer la fibre, je n’ai pu les comparer, mais la virtuosité d’Augustin Hadelich m’a paru éblouissante.