Alors que Michel Corboz vient de nous quitter, Cascavelle rend hommage à un autre grand chef suisse, Armin Jordan, disparu il y a 15 ans. Il s’agit d’extraits de deux concerts de 1990 et 1991 à la Suisse romande, avec en soliste l’ancien violoncelliste solo de l’orchestre, François Guye.
Armin Jordan était le contraire du carriériste et resta en Suisse, avec quelques incursions en France. Anecdote relatée dans le livret : à une proposition d’engagement du MET : « demandez à mon fils ! ». Cela me rappelle l’évocation de Bayreuth devant Kubelík : « Qu’irais-je faire dans cette province ? », même si c’était là sans doute un peu amer. Je les mets en parallèle car ils avaient tous deux le même rapport fraternel avec les instrumentistes de leur orchestre. Ce que l’on retrouve dans le fait de faire de la musique symphonique façon chambriste en laissant les musiciens s’exprimer pleinement.
On rappellera quelques formidables enregistrements d’Armin Jordan, comme l’ambiance de son Chasseur maudit, les timbres de Ma Mère l’oye ou la ductilité de ses Jeux, parmi bien d’autres.
Sont rassemblés ici le Schelomo d’Ernest Bloch et Tout un monde lointain de Dutilleux. On ne sait que louer dans ces interprétations qui paraissent si naturelles. Le Shelomo avait été enregistré et monté par Erato juste avant sa faillite et le Dutilleux est un enregistrement conservé par un membre de l’orchestre de la Suisse romande. Les deux prises de son sont superbes d’impact et de couleurs. Malgré Rostro et Poltéra entre autres (cf.), il s’agit d’une des versions les plus chantantes de cette œuvre.
De superbes témoignages.
Un disque Cascavelle.