Alban Berg – Suite lyrique – Lyric Suite
La Suite lyrique, œuvre majeure du XXe siècle pour quatuor à cordes, a été composée par Alban Berg en 1925-1926 et dédiée à Alexandre von Zemlinsky. Elle était en fait dédiée à son amante secrète Hanna Fuchs. (En 1977, la fille d’Hanna, Dorothea, montra au musicologue et compositeur George Perle cette partition. Il dévoila le mystère de la partitiondans un article devenu célèbre : «The secret programme of the Lyric Suite». Ce qui permet aux quatuors de donner souvent le dernier mouvement avec le texte chanté, comme par exemple les Prazak).Rappelons ses 6 mouvements, le même nombre que ceux de la Symphonie lyrique de Zemlinsky :
Comme quoi ça commence bien et finit mal ! Pour des analyses de cette œuvre, on se reportera au fameux Berg de Mosco Camer – Lattès ou à la fine analyse du compositeur par Étienne Barilier. Leçon d’honneur d’Etienne Barilier à l’Université de Lausanne le 6 mai 2013 La musique classique, au moins jusqu’à la 2e école de Vienne, nécessite un certain apprentissage ; je me rappelle avoir reçu à 18 ans la 9e de Mahler par Kubelík : je du la passer au moins 5 fois avant de pouvoir l’appréhender ; ici c’est « pire », mais c’est bien ce qui fait l’intérêt de la musique dite sérieuse. On passera sur l’analyse détaillée de cette partition sérielle, sur les jeux de nombres et de transcriptions en notes des noms des 2 protagonistes. Ajoutons qu’il faut avoir une sacrée oreille pour reconnaître les 2 passages furtifs de la Symphonie lyrique et celui de Tristan… L’essentiel est dans le mélange subtil d’affect et de construction sophistiquée de cette musique. C’est un chef d’œuvre absolu de la musique de chambre, qui en comprend tant depuis Haydn. On l’a réécouté dans les versions du quatuor Psophos et du quatuor Lasalle. À part le fait que le quatuor Psophos se produit en ce moment avec Emmanuelle Bertrand, et que son violoncelliste n’est autre que Guillaume Martigné, on ne savait rien de cet ensemble. L’enregistrement date de 2005 et, d’après la pochette du CD Zig Zag territories, c’était un quatuor féminin. Il est mixte maintenant apparemment, mais son site – désagréablement sophistiqué – ne nous apprend rien sur sa composition. En suivant la partition, j’ai été emballé par leur interprétation : presque toutes les indications, du moins celles que l’on comprend, sont suivies à la lettre et avec musicalité. On est frappé d’ailleurs par l’aspect sévère de la musique de Schoenberg en entendant le début de son 4e quatuor qui suit sur le CD. J’ai réécouté ensuite les Lasalle (dont ils ont suivi semble-t-il les conseils de son Primarius Walter Levin, grand pédagogue) : l’interprétation est plus « viennoise », avec de superbes moments, une structure mieux maîtrisée, mais aussi une certaine suavité qui finit par nous gêner, comme dans le quatuor de Debussy par exemple. Mais le coffret Brilliant est une vraie affaire… Quoiqu’il en soit, n’hésitez pas à vous plonger dans les affres de l’adultère (peut-être plus sublimé que vécu d’ailleurs)… Allegretto giovale Psophos : Lasalle : |
The Lyric suite, a XXe century major work for string quartet, made up in 1925-1926 was dedicated to Alexander von Zemlinsky. It in fact was dedicated to his secret lover Hanna Fuchs. (In 1977, Hanna’s daughter, Dorothea, showed the musicologist and composer George Perle the autograph score. It revealed the mystery of the score in an article become famous: “Secret program of the Lyric Suite”. Which allows now quartets to give the last movement with the sung text, such as for example the Prazak).The work has 6 movements, the same number as those of the Lyric Symphony by Zemlinsky:
So this starts well and finishes badly! For analyses of this work, one will refer to the famous Berg by Mosco Camer or to the fine analysis of the composer by Étienne Barilier. (FR) The classical music, at least up to the 2nd school of Vienna, requires a certain training; I remember to have received at 18 the Mahler’s 9th by Kubelík: I had to listen to it at least 5 times before being able to apprehend it; here it is “worse”, but this is what makes the interest of the music known as serious. One will pass on the detailed analysis of this serial partition, on the sets of numbers and transcriptions in notes of the names of the 2 protagonists. We have just listened back to it by the Psophos and the Lasalle quartets. Besides the fact that the Psophos quartet is playing these very days moment with Emmanuelle Bertrand, and that the cellist is Guillaume Martigné, we did not know anything about this ensemble. The recording goes back to 2005 and, according to the small pocket of CD from Zig Zag territories, it was a female quartet. It is now mixed apparently, but its Web site – unpleasantly sophisticated – does not teach us anything on its composition. While following the partition, I was stunned by their interpretation: almost all the indications are followed to the letter and with musical quality. One is struck besides by the severe aspect of the music of Schoenberg by hearing the beginning of its 4th quartet which follows on CD. I then listened back to the Lasalle (of which they followed apparently advices from its Primarius Walter Levin, a well known pedagogue): the interpretation is more “Viennese”, with superb moments, with maybe a more mastered structure, but also with a certain sweetness which finishes bothering, as in the Debussy quartet for example. But the Brilliant box is a real bargain… Ddo not hesitate to plunge you in the pangs of adultery (perhaps more sublimated than really lived)… |
À noter un clip assez malin consacré au Quatuor de Debussy ! |