Wolfgang Rihm – Jagden und Formen – Nähe Fern
Wolfgang Rihm (*1952) a étudié notamment avec Karlheinz Stockhausen et Wolfgang Fortner. Compositeur prolixe (400 œuvres…), il a pu être, il y a quelques années, rangé parmi les néo-tonaux, au sens néo-bobos réactionnaires ; il n’en est rien et une certaine expressivité ne saurait certes nuire. On lira avec intérêt les nombreuses pages que lui consacre Jean-Noël von der Weid dans « La musique du XXe siècle« )
Jagden und Formen (Chasses et formes) pour petit orchestre fait partie de ses œuvres « en devenir » (1995/2001).
L’interview de l’auteur figurant dans le livret du CD est amusante : à chaque question il répond quasiment toujours « non » : non les compositions précédentes reprises dans cette œuvre « Gedrängte Form », « Gejagte Form » et « Verborgene Formen » ne le sont pas textuellement, non « Jagden und Formen » ne comporte pas de scènes de chasse avec du gibier qui surgirait et non il n’y a pas de forme prédéterminée qui serait ensuite emplie de notes.
L’œuvre commence par un duo de violons, agrémenté de la contrebasse, rejoint par le quatuor entier, puis par les bois, autour d’un motif saccadé qui sera repris plusieurs fois au cours de l’ouvrage. Le disque a été plagé par le compositeur pour guider l’auditeur en mettant en exergue des moments de l’œuvre. Des passages hiératiques (cuivres) se voient suivis d’un sorte de cantilène du cor anglais. On trouvera plus loin des réminiscences d’événements passés, comme un dialogue entre cuivres et vents (le passage donné en exemple ci-dessous) qui rappelle le duo initial de violons. Des passages en chorus de cuivres alternent avec d’autres qui ont pu faire penser au « concerto grosso ». Vers la fin l’orchestre d’une vingtaine de musiciens a l’ampleur d’un orchestre symphonique, fin qui semble d’ailleurs se chercher pour finalement s’évanouir dans le silence. Disons que c’est une musique ludique, mais d’un ton général sévère.
Excellent Ensemble Moderne et Dominique My, DG – 2001 – Prise de son correcte.
Nähe Fern
J’ai été moins intéressé par cette œuvre, commande du Festival de Lucerne : 4 pièces inspirées (« proximités lointaines ») des 4 symphonies de Brahms ; la tonalité générale fait penser à la version orchestrale d’Arnold Schoenberg du quatuor n°1 pour piano de Brahms (1937) ; les réminiscences – à part quelques rares passages – sont effectivement bien lointaines, le tout sonne un peu comme du Schoenberg mièvre… (Orchestre de Lucerne, dir. James Gaffigan – Harmonia mundi – 2012)