Si le nom du compositeur japonais Tōru Takemitsu (1930-1996) est célèbre, sa musique demeure relativement peu connue en Occident. Son catalogue d’œuvres est très important, incluant également quantité de musiques de films, dont Dodes’kaden et Ran d’Akira Kurosawa ; Régis Campo me disait que ces musiques de films font partie des rares qui peuvent très bien se jouer au concert.
L’auteur, Wataru Miyakawa, est un compositeur et musicologue qui fut d’ailleurs élève entre autres de Georges Bœuf et de Régis Campo. Il obtint un doctorat sur l’écriture musicale de Tōru Takemitsu. Il a recueilli et traduit dans cet ouvrage des éditions Symétrie de nombreux textes écrits par le compositeur tout au long de sa vie. Après sa mort, une maison d’édition japonaise avait publié la quasi-totalité de ses écrits en cinq volumes de 400 pages chacun… Il s’agit ici d’une vaste sélection de ces textes disponibles souvent pour la première fois en français ; si les écrits consacrés à son œuvre musicale et à sa démarche compositionnelle ont été prioritaires, l’ouvrage comprend également nombre d’entretiens (John Cage, Iannis Xenakis, Simon Rattle, Luciano Berio).
On trouvera nombre de pages intéressantes sur ses compositeurs préférés, Debussy, Messiaen ou Cage et surtout sur ses compositions : « Ma musique ne se développe pas à partir d’antagonismes tels qu’ont peut en trouver dans la forme sonate, mai juxtapose plutôt des paysages imaginaires […]. Certes j’élabore ma musique avec rigueur, selon des principes structurels que j’élabore à ma manière, mais pour autant je ne souhaite pas que l’auditeur sans rende compte et ma musique a quelque chose de fragmentaire, d’épars. Comme dans un rêve décousu, alors qu’on croit s’être beaucoup éloigné, l’espace d’un instant, on se retrouve au point de départ. Voilà le genre de forme à laquelle j’aboutis ».
Une anecdote : alors qu’il regardait diriger Hanz Werner Henze diriger une de ses propres œuvres, Takemitsu remarqua que la partition était notée à 60, mais que le compositeur la dirigeait à 30. HVH : « Toi, compositeur, tu fais confiance à ce qu’a écrit le compositeur ??? ».
Un livre très riche et enrichissant.
Deux de ses œuvres les plus célèbres :
A Flock descends into the Pentagonal Garden (1977)
November steps (1967)
Mais aussi du Paul McCartney arrangé :