Suzana Bartal concerte

2016 : un CD Schumann remarqué, 2020, un Liszt mémorable, celui-ci était donc attendu ! Suzana est une amie et c’est difficile de critiquer le nouvel enregistrement d’une amie, mais qui aime bien châtie bien…

On va donc commencer par le négatif : un livret et un teaser un peu convenus, un orchestre et une prise de son moyens (des passages un peu opaques) et une erreur de ma part : je n’avais pas écouté depuis au moins vingt ans le Grieg par Anda / Kubelík : j’en ai presque pleuré de joie à l’écoute de ces deux grands artistes ; mais c’était il y a plus de 50 ans, oublions.

J’interviewais Suzana il y a maintenant 9 ans et j’écrivais qu’elle me paraissait promise à une belle carrière : on y est.
Au crédit : deux magnifiques concertos (pour Saint-Saëns, le n°2) – de styles aussi dissemblables que possible d’ailleurs – et surtout le jeu de la pianiste. Je me disais que ça allait mieux marcher dans le Saint-Saëns (un des plus grands pianistes de son époque avec son ami Liszt) que dans Grieg.

Pour Grieg, par exemple, la reprise du 1er thème au piano est un peu sotto voce, mais quelle belle sonorité et de beaux déliés ; l’orchestre de la Saare, très bien dirigé par Sébastien Rouland donne une belle prestation : on aimerait juste plus de « pulpe » dans les sonorités, plus d’accents et de carrure, mais le vieux commentateur que je suis pense souvent que c’était mieux avant. On entend néanmoins beaucoup de beautés, comme la sorte de cadence du 1er mouvement ; ou la « pesée » des premières notes du 2e mouvement, mais ça ne marche plus à 3’50 » – il faudrait que Suzana prenne le « lead ». Le 3e mouvement est très convaincant, très Rachma 2 au début – très belles animations ensuite. En public et avec un poil d’aquavit pour rester dans le thème : ce serait super ; mais en tout cas cela s’écoute de bout en bout avec grand plaisir.

Le Saint-Saëns : un vrai bonheur. Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter en parallèle le superbe concert de Philippe Entremont avec Jacha Horenstein, eh bien, « ça le fait ».  L’orchestration moins « Schumann » sied mieux à l’orchestre, l’écriture pianistique va à Suzana comme un gant (lisztien) et c’est par moments ébouriffant. Quelle grâce mendelssohnienne dans le 2e mouvement  – et cet allant et cette sonorité dans le 3e mouvement !

Une grande réussite parue chez Channel Classics. On attend le prochain CD avec impatience !

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