Séverine Ballon joue Saunders – Lanza – Dillon – Lim – Blondeau
Rebecca Saunders (1967) – Solitude (2013) pour violoncelle seul
Mauro Lanza (1975) – La bataille de Caresme et de Charnage (2012) pour violoncelle et piano
James Dillon (1950) – Parjanya-Vata (1981) pour violoncelle seul
Liza Lim (1966) – Invisibility (2009) pour violoncelle seul
Thierry Blondeau (1961) – Blackbird (2013) pour violoncelle et bande.
C’est un lieu commun de dire que l’on peut tout jouer ou tout imiter avec un violoncelle. Ici, Séverine Ballon nous propose un récital de « violoncelle étendu » : outre des modes de jeu innovants, de la scordatura, on trouvera des archets bizarres, des appeaux, des onomatopées, du violoncelle « préparé » et même des « coussins péteurs »…
C’est une évidence d’autre part de constater la pléthore actuelle de violoncellistes français(ses) de grand talent. Alors que l’on attend le CD Dutilleux de notre « Jacqueline du Pré nationale« , voici une autre violoncelliste épatante, j’allais dire « notre Siegfried Palm nationale », mais ce serait oublier par exemple Pierre Strauch ou Alexis Descharmes.
Solitude de Rebecca Saunders nous propose une sorte de voyage au travers de paysages assez désolés, ce que n’est pas l’auditeur, emporté par tant de vie, d’alternance entre quasi-silence et flamboyances. Ici une œuvre cousine :
La bataille de Caresme et de Charnage de Mauro Lanza est la pièce la plus « outillée » du CD : outre les accessoires cités, elle comporte également un vibraslap :
Inspirée sans doute du tableau de Brueguel l’ancien, l’œuvre est plus légère, humoristique dans ses sons souvent incongrus, donnant presque lieu à une « mélodie de timbres » entre les 2 instruments préparés et les différents accessoires (dont un harmonica).
Parjanya-Vata (la pluie et le vent) est une pièce plus ancienne de James Dillon, qui m’a paru plus distante.
Invisibility de Liza Lim surprend. Elle utilise 2 archets : d’abord un « guiro » (mèche enroulée autour de l’archet qui fait que c’est tantôt la mèche tantôt le bois de l’archet qui joue sur les cordes – ‘désaccordées’ par ailleurs), puis un archet classique et, à la fin de la pièce, les deux à la fois ! (cf. vidéo). La diversité des sonorités est assez fascinante.
Blackbird de Thierry Blondeau est une pièce d’une expression plus immédiate mais tout aussi variée, notamment la fin de la pièce avec ses sonorités inouïes.