Sarah Lavaud – Edda Erlendsdottir
Sarah Lavaud – Edda Erlendsdottir
Il y a des soirées comme çà ! Invité hier soir par Ethel Rey, la directrice avisée de l’association Arthèmes, à un concert à l’Institut hongrois de Sarah Lavaud, j’ai eu le bonheur de découvrir deux pianistes « pour le prix d’une » : Sarah Lavaud, donc et une belle femme qui avait attiré évidemment mon regard durant le concert et que l’on me présenta au cours du cocktail qui suivait : la pianiste islandaise Edda Erlendsdóttir. Et deux pianistes aussi exigeantes qu’éclairées !
Sarah LavaudElle sortait d’une mauvaise grippe et ne put donner que la première partie du récital prévu, organisé autour de la musique pour piano de Leoš Janácek, dont elle vient de publier un CD chez Hortus. Exigeante : son programme initial était remarquablement construit, éclairé : elle ne se contente pas de jouer, elle présente son programme, mettant en parallèle par exemple, les pièces certes post-romantiques, mais fulgurantes et resserrées de Leoš Janácek, avec le sens de la concision des Scènes d’enfants de Schumann. Bien sûr tout n’était parfait lors de ce mini-récital : une main gauche qui couvre par moments un peu la droite par-ci, des accords qui pourraient être plus travaillés par-là, mais bien qu’ayant « baigné » dans les enregistrements de l’épatant Rudolf Firkušný, élève de Janácek, on se sentait bien transporté dans l’univers de ce compositeur si singulier. CD : Si on compare avec l’aîné tchèque, on pourra certes trouver plus de « naturel » chez celui-ci, mais Sarah Lavaud ne démérite en rien : son jeu est même plus timbré, qualité majeure dans ces pièces (est-ce l’utilisation d’un piano « Stephen Paulello », dont la description dans le livret fait un peu penser aux ‘trouvailles’ dans le domaine de la Hi-Fi ? Il sonne mieux en tout cas que le Steinway standard du concert avec son haut medium désagréable). Disons que Sarah Lavaud est moins ‘orchestrale’ que Firkušný, mais fait preuve peut-être d’une caractérisation supérieure. Edda ErlendsdóttirQuand on m’a présenté, apprenant que j’étais devant une pianiste professionnelle, je me suis lancé en lui demandant si comme moi elle pensait « tout le bien » de la 2e partie du concert donnée par un autre pianiste : on était sur la même « longueur d’onde »… En fait le titre serait plutôt « une artiste intelligente »; elle a fondé son propre label et signe ici un très beau récital, d’une très forte cohérence : les dernières pièces de Schubert, de Liszt, les premières de Schoenberg et la sonate de Berg, le tout faisant montre d’une grande cohérence, éclairée par le livret de son beau-frère. Les Klavierstücke de Schubert déroutent de prime abord : un piano un peu émacié, un jeu avec des notes très détachées, on se dit que ce n’est pas du Lupu ou d’autres interprètes phares de la musique de Schubert. Et pourtant au bout de quelques minutes, on est pris par la gestion du temps musical de la pianiste : l’air de rien, ça se met en place et on est emmené dans un voyage musical très prenant. Les œuvres suivantes qui frisent ou assument l’atonalité sont données avec une simplicité et une évidence de construction qui forcent l’admiration. Une grande artiste, assurément. PS : un grand merci à Simone Strähle |
Il y a des soirées comme çà ! Invité hier soir par Ethel Rey, la directrice avisée de l’association Arthèmes, à un concert à l’Institut hongrois de Sarah Lavaud, j’ai eu le bonheur de découvrir deux pianistes « pour le prix d’une » : Sarah Lavaud, donc et une belle femme qui avait attiré évidemment mon regard durant le concert et que l’on me présenta au cours du cocktail qui suivait : la pianiste islandaise Edda Erlendsdóttir. Et deux pianistes aussi exigeantes qu’éclairées ! Sarah LavaudElle sortait d’une mauvaise grippe et ne put donner que la première partie du récital prévu, organisé autour de la musique pour piano de Leoš Janácek, dont elle vient de publier un CD chez Hortus. Exigeante : son programme initial était remarquablement construit, éclairé : elle ne se contente pas de jouer, elle présente son programme, mettant en parallèle par exemple, les pièces certes post-romantiques, mais fulgurantes et resserrées de Leoš Janácek, avec le sens de la concision des Scènes d’enfants de Schumann. Bien sûr tout n’était parfait lors de ce mini-récital : une main gauche qui couvre par moments un peu la droite par-ci, des accords qui pourraient être plus travaillés par-là, mais bien qu’ayant « baigné » dans les enregistrements de l’épatant Rudolf Firkušný, élève de Janácek, on se sentait bien transporté dans l’univers de ce compositeur si singulier. CD : Si on compare avec l’aîné tchèque, on pourra certes trouver plus de « naturel » chez celui-ci, mais Sarah Lavaud ne démérite en rien : son jeu est même plus timbré, qualité majeure dans ces pièces (est-ce l’utilisation d’un piano « Stephen Paulello », dont la description dans le livret fait un peu penser aux ‘trouvailles’ dans le domaine de la Hi-Fi ? Il sonne mieux en tout cas que le Steinway standard du concert avec son haut medium désagréable). Disons que Sarah Lavaud est moins ‘orchestrale’ que Firkušný, mais fait preuve peut-être d’une caractérisation supérieure. Edda ErlendsdóttirQuand on m’a présenté, apprenant que j’étais devant une pianiste professionnelle, je me suis lancé en lui demandant si comme moi elle pensait « tout le bien » de la 2e partie du concert donnée par un autre pianiste : on était sur la même « longueur d’onde »… En fait le titre serait plutôt « une artiste intelligente »; elle a fondé son propre label et signe ici un très beau récital, d’une très forte cohérence : les dernières pièces de Schubert, de Liszt, les premières de Schoenberg et la sonate de Berg, le tout faisant montre d’une grande cohérence, éclairée par le livret de son beau-frère. Les Klavierstücke de Schubert déroutent de prime abord : un piano un peu émacié, un jeu avec des notes très détachées, on se dit que ce n’est pas du Lupu ou d’autres interprètes phares de la musique de Schubert. Et pourtant au bout de quelques minutes, on est pris par la gestion du temps musical de la pianiste : l’air de rien, ça se met en place et on est emmené dans un voyage musical très prenant. Les œuvres suivantes qui frisent ou assument l’atonalité sont données avec une simplicité et une évidence de construction qui forcent l’admiration. Une grande artiste, assurément. PS : un grand merci à Simone Strähle
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