Richard Millet – La nouvelle Dolorès
Je n’ai pas lu tous les très nombreux ouvrages de Richard Millet : l’ensemble de sa bibliographie tient en pas moins de six pages…
Rappelons simplement ses superbes Pour la musique contemporaine et son Sibelius.
Rappelons que victime d’une polémique violente de la part d’une écrivaine en 2011, cosignée par une clique de plus de cent personnes, il sera mis au ban du milieu littéraire. Sa page Wikipedia la montre en séance de dédicace à la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde, humiliation suprême je suppose pour notre auteur si farouchement corrézien…
Mais venons-en au fait : son alter ego, plus jeune, n’approchant que la soixantaine, est un écrivain qui a une liaison amoureuse compliquée avec une soprano russe de renommée internationale et aussi une liaison restée tout juste platonique avec la fille américanisée et orpheline de père de cette dernière.
L’auteur nous décrit par le menu cette relation et surtout ses affres ressenties à la perte de cet amour, à l’âge, à la disgrâce littéraire aussi. Finalement, la nymphette américaine mourra d’overdose, overdose d’une inculturée ignorée des représentants des restes de cette culture.
Si je suis bien sûr d’accord avec l’auteur sur la suprématie de la version de Netania Davrath dans Canteloube…, j’ai été parfois irrité par de très nombreuses digressions sur l’âge, la désillusion amoureuse et la condition d’écrivain. Pourtant, je l’ai dévoré, emporté par la virtuosité de son écriture et de sa structure narrative.
Le roman fait intervenir un compositeur du nom de Régis Duchamp que les amateurs reconnaîtront aisément. Par contre le personnage de la soprano russe semble une pure création : elle aurait chanté Hommage à TS. Eliot de Gubaidulina et Correspondances de Dutilleux, mais son répertoire n’est pas celui de Christine Whittlesey ou de Barbara Hannigan…
Un livre chaudement recommandé, et comme il contient de nombreuses références musicales (pauvre Lang-Lang…), en voici une pour inviter à la lecture :