Bon, ce ne serait pas dirigé par Nicolas Chalvin, chef que j’apprécie beaucoup (interview), je n’aurais pas fait ce petit papier, ni probablement pas écouté ce CD…
On a l’impression d’être en plein « Reynaldo Hahn revival » (1874-1947) en ce moment (auquel contribue grandement le label si entreprenant Timpani) : on entendait Philippe Guilhon-Herbert récemment en récital, qui juxtaposait des œuvrettes de Reynaldo avec des Préludes de Debussy : on a beau jouer simplement les œuvres les plus simples de ce dernier, celles du premier, malgré leur charme, ne leur arrivent pas musicalement à la cheville.
Au programme :
Le Bal de Béatrice d’Este
Concerto provencal
Sérénade (première)
Divertissement pour une fête de nuit
Ensemble Initium et Orchestre des Pays de Savoie dirigés par
Nicolas Chalvin
Le Bal fait irrésistiblement penser aux « reconstitutions » historiques de certains films de Guitry. Tout cela sent la poudre (au nez !), on pense à la musique de Jean Françaix ou à La cheminée du roi René de Milhaud (1941, 3 ans avant le Concerto provencal), avec quelques tournures harmoniques alla Poulenc au début de cette œuvre. On notera l’atmosphère nocturne très prenante de Sous les pins.
On trouvera ci-dessous à titre de document l’enregistrement de 1946 de cette œuvre sous la direction de Fernand Oubradous.
La Sérénade (1942) est de la même veine, très agréable.
Ici, un extrait des séances d’enregistrement.
Le Divertissement pour une fête de nuit (1931) : c’est sans doute la pièce maîtresse du disque : une ambiance chambriste mozartienne (ou haydnienne : « Haydn chez le prince Esterhazy »), un ensemble instrumental varié (flûte, saxo, basson, piano, timbales, percussions et quatuor à cordes), une écriture plus resserrée (Chausson et Fauré ne sont pas loin). Écrit au départ pour N. Chalvin, ce papier aura été en fait un bien agréable voyage musical. Excellents instrumentistes, notamment le pianiste Alain Jacquon.
Pied de nez final : le beau Reynaldo qui connut bien Debussy, aurait pu entendre les 12 Notations pour piano de Boulez (1945), lequel cite Proust parmi ses écrivains favoris !