Rencontre avec le chef d’orchestre Nicolas Chalvin

Nicolas Chalvin
Nicolas Chalvin

vincennes

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L’Orchestre des Pays de Savoie, qui fête cette année ses
30 ans, et L’Orchestre de Chambre de Genève ont imaginé une coopération qui marque l’aboutissement de leurs liens depuis 25 ans au travers du programme Gran Partita :
Concert du 22 novembre à Vincennes :

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sérénade en si b majeur « Gran Partita », K361 (1784)
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Antonín Dvořák (1841-1904)
Sérénade pour vents en ré mineur, opus 44 (1878)

Cyrille Lehn (1977)
Sous les nuages, la lune (Création 2014, commande de l’orch estre)

Solistes de l’Orchestre des Pays de Savoie et de L’Orchestre de Chambre de Genève :
Camille Joutard, hautbois 1
Hugues Lachaize, hautbois 2
Richard Malblanc, clarinette 1
Gilles Vuillerme, clarinette 2
Pierre Dubier, cor de basset 1
Lilian Harismendy, cor de basset 2
Henri Roman, basson 1
Hugues Anselmo, basson 2
Matthieu Siegrist, cor 1
Richard Oyarzun, cor 2
Maxime Tomba, cor 3
Anne Boussard, cor 4
Noé Natorp, violoncelle
Philippe Guingouain, contrebasse

Réservation
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Rencontre avec Nicolas Chalvin

On a pu apprécier le talent de ce jeune chef le 22 mai dernier dans un programme Mozart à Gaveau. Son visage donne l’impression première d’une maîtrise de soi mais on y devine aussi une grande sensibilité. Le temps nous était malheureusement compté, sinon je crois que l’on aurait pu passer de bons moments à évoquer nos joies musicales à l’écoute des grands chefs du passé…

Le hautboïste

Nicolas suivit des cours de musique vers 8-9 ans et son jeune professeur enseignait le hautbois ; c’est donc naturellement qu’il s’est orienté vers cet instrument. Il en deviendra un excellent instrumentiste, devenant hautbois-solo à l’Orchestre national de Lyon et à l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg. Depuis qu’il est chef d’orchestre, il pratique plus rarement l’instrument. Il est d’accord avec Pierre-André Valade, ancien flûtiste de haut niveau devenu également chef, qui me confiait : « on retrouve facilement 80 à 90% de son niveau mais ce sont les pourcentages manquants qui sont intéressants », ajoutant : « le hautbois c’est un peu comme le vélo, ça ne se perd pas ; mais il faut prendre en compte tout le temps artisanal passé à la préparation de l’anche ». Le poste de hautboïste est en tout cas idéal pour observer la vie de l’orchestre et… les chefs.

Le chef

Son épouse est chef de chœur à l’Opéra de Lausanne : il commença à remplacer occasionnellement le chef d’orchestre pour des répétitions. Sa carrière de chef démarrera ensuite vers 2001 sous les auspices d’Armin Jordan et de Franz Welser-Möst. Mais il se revendique, malgré quelques cours, comme autodidacte : « chef, ça s’apprend en cinq minutes, on ne le devient vraiment qu’en travaillant sur le tas ». Comme il partage mon admiration pour Raphaël Kubelik, je lui demandais si cela faisait une différence chez les chefs d’orchestre d’avoir eu une formation et une pratique préalables de violoniste par exemple, ou d’instrument à vent ou « simplement » de piano. Pour lui, en ce qui concerne les cordes, il suffit d’indiquer clairement aux chefs de rang ce que l’on souhaite sans chercher à entrer ensuite dans les détails techniques – ou alors il faut avoir été un instrumentiste d’un niveau exceptionnel pour se permettre de donner des conseils techniques ! On n’a pas eu assez de temps pour traiter des aspects de son répertoire – qui va pour l’opéra de Messager à Dusapin ! Il se partage à parts égales entre le symphonique et l’opéra : « vous imaginez le bonheur d’accompagner une chanteuse comme Sophie Karthaüser l’autre soir ? ».

L’orchestre des Pays de Savoie

Il dirige cet orchestre depuis 2009. Son projet le plus cher est d’en développer le répertoire et le public. L’orchestre comporte actuellement 23 membres permanents : 19 cordes, 2 cors et 2 hautbois. Son souhait le plus cher est d’atteindre à la dimension d’un « formation Mozart » : bois par 2, trompette et timbales. L’orchestre est actuellement subventionné à 70% par l’Association des Pays de Savoie (Conseil généraux de Savoie et Haute-Savoie), l’État et le Conseil régional à hauteur d’environ 1,3 M€ annuels, 30% étant générés par la billetterie (en comparaison avec un rapport de 90-95 / 10-5% pour la majorité des orchestres français similaires…). N’ayant pas de salle attitrée, cet orchestre de plus ne se produit qu’en tournées ; un programme se donne 4 ou 5 fois sur 2 à 3 semaines dans des lieux différents ; il dirige l’orchestre 40 à 50 fois par an sur les 90 concerts annuels de la formation. Trouver des mécénats partenaires de l’orchestre est maintenant sa priorité pour à la fois moins dépendre des subventions institutionnelles, baisser parfois le prix des billets et assurer un équilibre financier pérenne : la loi obligera ainsi le 1er juillet à occuper les instrumentistes à 70% de leur temps, alors que la moyenne est de 40% aujourd’hui. Pour lui l’orchestre est un ambassadeur « à l’intérieur » au sein de sa région pour amener les publics à la musique mais aussi à l’extérieur ; il donne ainsi des tournées à l’étranger, notamment en Suisse et en Italie.

Chefs et orchestres

Quand on lui demande quel orchestre il rêverait de diriger il me demande « à votre avis ? » : « Vienne ? » « Évidemment, encore faut-il avoir quelque chose à leur apporter ! Je suis très heureux avec les orchestres que je dirige, l’essentiel, c’est de ne faire aucune concession – mais je serais tenté de pouvoir diriger un jour le Concertgebouw ». Interrogé sur son panthéon des chefs d’orchestre : « d’abord c’est un panthéon au sens propre… Je peux vous en citer une vingtaine au moins, mais sans doute au-dessus Furtwängler, puis Kubelík. Et un dernier conseil : « écoutez la Sinfonia da requiem de Britten par Rudolf Kempe, c’est magnifique ! ». Bon(s) vent(s) à l’orchestre et son chef !

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