Rencontre avec Kanako Abe
Rencontre avec Kanako AbeUn OVNI sur la scène musicale française et internationale : une chef d’orchestre japonaise ! Kanako Abe est une artiste d’un commerce très sympathique, que l’on sent entièrement tournée vers la musique. DébutsSes parents étaient musiciens et notamment chefs de chœur, son grand-père était comédien et acteur. Elle commença à avoir des leçons du piano sur les genoux de sa mère dès 2 ans. Quand sa mère découvrit qu’à 6 ans, de retour à la maison après un concert, elle pouvait jouer de mémoire à la flûte les airs qu’elle avait entendus, sa mère décida de l’inscrire dans une classe de solfège spécialisé. De 8 à 13 ans, elle se produisit beaucoup sur scène en chantant des rôles d’enfant dans des productions lyriques. A 15 ans elle poursuivit des études musicales, notamment de composition, à l’Université Nationale des arts de Tokyo, la plus ancienne et plus prestigieuse école d’art et de musique au Japon. Le congé sabbatique lui permit, normalement pour 2 ans seulement, de suivre des études musicales en France au CNSMP en classe d’écriture. Elle en profita pour assister à des cours de composition de Gérard Grisey et y rencontra son futur époux, le compositeur Régis Campo… A l’écoute de la musique de ce dernier, elle sent combien est importante le soin apportée à l’interprétation des œuvres musicale d’aujourd’hui. Lors des concerts, les répétitions réservées à une œuvre contemporaines sont souvent réduites en comparaison des œuvres du répertoire. Après être revenue au Japon recevoir son diplôme, elle rentra donc à Paris et reprit ses cours au Conservatoire (Dalbavie, Lévinas…) obtenant pas moins de 7 prix (analyse, harmonie, contrepoint, fugue, accompagnement au piano, orchestration, direction d’orchestre). La musique contemporaineLorsque son mari Régis Campo commença à enseigner la composition au Conservatoire de Marseille, Yann Robin terminait son cursus dans cette classe. Kanako Abe rencontra Yann Robin à ce moment et ils décidèrent alors de fonder, avec 3 autres compositeurs (Matthew Lima, Gaëlle Potet et Gilles Schuehmacher), l’Ensemble Multilatérale. Cet ensemble fondé au sein d’un collectif qui regroupe également compositeurs et musicologues se dévoue au prosélytisme de la musique d’aujourd’hui. L’ensemble donne en moyenne 20-30 concerts et enregistrements par an. On ne peut qu’être sensible à la volonté de Kanako Abe de contribuer à un prosélytisme actif de la musique contemporaine. Son souci est aussi de promouvoir les différentes sensibilités esthétiques de chaque culture : comme cette conception si particulière du « temps fermé » dans la musique japonaise éloignée de la pensée discursive occidentale. Kanako Abe a déjà assuré plus de 80 créations mondiales avec différents ensembles et orchestres ! La musicienneElle est dotée de l’oreille absolue : ce qui peut paraître comme un avantage devient problématique lorsqu’elle est « calée » sur un diapason à 440 Hz. Le problème est qu’il a encore monté ces dernières années à 442 ou 443 Hz et il faut s’adapter… Mozart est son compositeur favori et Debussy parmi les français. Pour l’opéra, sa préférence va plus vers Verdi que vers Wagner, et dans le domaine symphonique plus Mahler que Strauss. Elle voue un grand respect et admiration envers Claudio Abbado, István Kertész, Wolfgang Sawallisch et Fabio Luisi qui connaissent tous les métiers de l’opéra (j’ai enfin rencontré une professionnelle de la musique qui ne voue pas une admiration sans exclusive à Carlos Kleiber…). Une de ses grandes prouesses : avoir donné à l’UNESCO un concert symphonique au bénéfice des sinistrés japonais du tsunami, en ayant recruté les instrumentistes 180 candidatures en quelques jours. Voilà une bien brève interview au cours d’un déjeuner avec 2 gros défauts : on mange, donc on parle finalement peu, et un interviewer qui ne peut s’empêcher de parler musique : j’espère que Kanako voudra bien remettre ça dans un cadre plus propice… ce qui est bien problématique : Entre ses activités au Japon (elle est également présidente de l’Association Franco-Japonaise de la Musique Contemporaine) et en Indonésie, son activité avec l’ensemble Multilatérale et son engagement cet été d’assistante de Fabio Luisi en Italie…). A suivre : une prochaine rencontre j’espère et un papier sur la musique de Régis Campo. Son site |
A Meeting with Kanako AbeA UFO on the French and international music scene: a Japanese Orchestra feminine conductor! Kanako Abe is a very nice artist that one feels fully dedicated to music. DebutHer parents were musicians (choral conductors), her grandfather was a comedian and actor. She began to have piano lessons on the lap of his mother from the age of 2. When her mother discovered that at 6 years old, back at home after a concert, she could play from memory on a flute the tunes she had heard, her mother decided to register her in a specialty notation class. From 8 to 13, she performed often on stage singing child roles in lyrical productions. At 15 she pursued musical studies, including composition, at the National University of arts in Tokyo, the oldest and most prestigious school of art and music in Japan. A sabbatical allowed her, normally for 2 years only, to follow musical studies in France at the CNSMP writing classroom. She took the opportunity to attend composition courses by Gérard Grisey and met her future husband, the composer Régis Campo… Listening to the music of the latter, she feels how important is the care given to the musical interpretation of the works of today. For concerts, rehearsals for a contemporary work are often reduced compared to the works of the repertoire. After having returned to Japan receiving her diploma, she therefore returned to Paris and resumed her course at the Conservatory (Dalbavie, Lévinas…) obtaining not less than 7 prizes (analysis, harmony, counterpoint, fugue, piano accompaniment, orchestration, conducting). She then began a career as a pianist before developing a conductor activity. Contemporary musicWhen her husband Régis Campo began teaching composition at the Conservatory of Marseilles, Yann Robin was finishing his coursework in this class. Kanako Abe met Yann Robin at that time and then they decided to establish, with 3 other composers (Matthew Lima, Gaëlle Potet and Gilles Schuehmacher), the Ensemble Multilatérale. This ensemble founded within a collective comprising also composers and musicologists is dedicated to the proselytism of today’s music. The ensemble gives on average 20-30 concerts and recordings per year. We can only be sensitive to the will of Kanako Abe to contribute to an active proselytizing of contemporary music. Her concern is also to promote the aesthetic sensitivities of each culture: as the particular « closed time » design in the Japanese music away from Western discursive thoughts. The musicianShe has an absolute ear: what may seem like an advantage becomes problematic when it is « keyed » on a 440 Hz diapason. The problem is that diapason has reached 442 or 443 Hz in recent years and you have to adapt yourself to this… This is a brief interview during a lunch with 2 big flaws: we eat, therefore we finally speak little, and with an interviewer who can’t help talking music: I hope that Kanako will do it again in more favorable circumstances… which is much problematic: between her activities in Japan (she is also President of the Japanese Association of contemporary music) and Indonesia, her activity with the Ensemble Multilatérale and her commitment this summer as Assistant of Fabio Luisi in Italy…). Next: maybe another encounter and an article on Régis Campo’s music. Her Website |