J’ai toujours plaisir à constater que la plupart des pianistes dont j’ai sollicité une interview me ravissent toujours des années après. 
Mon interview de Jean-Nicolas Diatkine remonte à dix ans ; toujours d’un calme olympien, il se produit assez peu ; en France un ou deux récitals annuels à Gaveau. Le CD propose ici deux captations dans cette salle pendant les récitals de 2021 & 2023.

Autre particularité, il ne publie que des interprétations de ‘tubes’ du répertoire, romantique principalement. Ici, outre les Bagatelles op.126 de Beethoven, on a La Mort d’Isolde, la deuxième Ballade et la Sonate de Liszt.
Comme je me fais vieux, je me rappelle d’un concert il y a près de cinquante ans de la même Sonate de Liszt par l’excellent Jean-Claude Pennetier, à Paris (Maison des rosicruciens* !). Il montrait tant d’efforts pour en surmonter les difficultés techniques que cela finissait par ajouter au dramatisme de l’œuvre.

Jean-Nicolas Diatkine travaille si bien ses récitals qu’il n’y a jamais un accroc ; peut-être que, de ce fait, cette même Sonate n’est  pas vraiment diabolique mais on entend rarement aussi bien toutes les voix.
Pour les Bagatelles op.126, Diatkine : « Il nous introduit […] dans un immense univers par la porte d’un petit jardin ». Rien à ajouter car c’est bien ce que l’on s=ressent à l’écoute.

Après l’arrangement de Liszt de la Mort d’Isolde, ici d’une beauté si prenante, le CD se termine avec sa Ballade n°2, pour moi le « must » de ce CD ; toujours les mêmes mots si vains pour caractériser une interprétation de haut vol : style, ligne, couleurs, homogénéité, insight, etc.

Un magnifique CD Solomusica.

*Je me rappelle du temps des « radios libres » de Radio 3 : « La voix des Rose-Croix ou l’expression d’une voie nouvelle » qui diffusait de très belles musiques au caractère ésotérique ou moyenâgeux.