Bon, la photo de couverture des deux frères d’une famille d’immigrés de Russie donne une sacrée impression de sérieux ! Au programme : La Sonate pour violon et Tzigane encadrent la version pour 2 mains de Ma mère l’Oye réalisée par Jacques Charlot (neveu de l’éditeur Durand, il mourra sur le front en 1915 et fera l’objet de deux dédicaces : le premier mouvement du Tombeau de Couperin et le deuxième mouvement d’En blanc et noir de Claude Debussy).
Disons-le de suite, malgré ses très grandes qualités, les interprétations du violoniste pâlissent un peu quand on les compare avec par exemple celles d’ Elsa Grether, si vivante et expressive, mais ce sont des interprétations de très belle tenue.
Mais comme un voile se lève sur la musique de Ravel avec Ma mère l’Oye interprétée par David, le frère cadet pianiste de 26 ans.
Son frère aîné indique dans le livret que cette transcription pour deux mains (une première au disque dans son intégralité) en nécessite cependant une ou deux supplémentaires dans les deux premiers mouvements (cf. image – 1er mouvement), ici jouées grâce à un montage par David lui-même.
Il commente également de façon détaillée l’intrigue du ballet et l’on peut de plus suivre cette intrigue en suivant la partition de la transcription de Jacques Charlot ici.
L’interprétation de David Guerchovitch est très personnelle et surtout très évocatrice. En témoigne le Prélude, sorte d’ouverture d’opéra avec les principaux thèmes de l’œuvre, pris dans un tempo lent, mais empli de poésie.
Il est important de noter que « réduite » à deux mains, l’œuvre sonne différemment et ce n’est pas une des moindres qualités de l’interprète que d’en faire ressortir les différentes voix et accompagnements, sans jamais trahir l’esprit de l’œuvre.
Un bonheur d’écoute paru chez Odradek et un pianiste à suivre comme on dit.