« Pelléas et Mélisande » cent ans après : études et documents – Éditions Symétrie
C’est plutôt 110 ans après. On s’est replongé dans cette œuvre avec un peu de réticence : lors de la création en 1902, la cabale alors organisée fit répondre un spectateur à Mélisande qui chantait « je suis malheureuse » : « nous aussi : » ! Et portant, dès les premières mesures, on retrouve les effluves wagnériennes – si -,les tournures moussorgksiennes et une sorte d’ambiance Île-de-France comme dans les Nuages… Les éditions Symétrie publient donc un imposant ouvrage sur cet opéra unique dans tous les sens du terme, en 4 chapitres, après une préface comportant une interview de Pierre Boulez à propos de l’œuvre :
Des annexes précieuses : notamment la transcription par Maurice Emmanuel de ses notes prises lors des échanges entre Debussy et Guiraud, la liste des représentations de Pelléas et Mélisande du vivant de Debussy et un très épais dossier de presse de l’année 1902 : 111 articles ! Seul un article sur « la structure et le fonctionnement de la mélodie dramatique » est abscons. Le reste est très intéressant, avec des éclairages sur Le rêve d’Alfred Bruneau et sur Charles Koechlin. On citera un extrait de « Le geste compositionnel debussyste » de Christian Goubault : « Le drame lyrique de Debussy fournit maint exemple d’un travail compositionnel peu banal et unique en son temps. La juxtaposition de séquences, la combinatoire de sonorités orchestrales, de thèmes, de styles de déclamation, de tonalités et de modalités, de système harmoniques, en somme de toute une panoplie de moyens sophistiqués, mais utilisés par touches très brèves – parfois insaisissables – expliquent en partie le charme et le remuement vif-argent de la musique du compositeur. Les séquences juxtaposées naissent les unes des autres par simple contact, mais avec des transitions et des tuilages subtils. Elles annoncent la musique « en devenir » de La Mer. » |