Pascal Gallois, Directeur du Conservatoire Mozart du centre de Paris, a été un bassoniste de renom international. Ayant travaillé de façon approfondie avec nombre de compositeurs contemporains, il s’est investi depuis quelques années dans la diffusion de la musique contemporaine en se consacrant à la direction d’orchestre.
Il a dirigé nombre d’ensembles spécialisés de par le monde et fonde maintenant le « Altus New Breath Ensemble« , ensemble réunissant des solistes instrumentaux de Macédoine et d’ex-Yougoslavie. Il nous en parle :
» J’ai eu la chance, par mon instrument, de travailler avec Boulez, Stockhausen, Berio, Ligeti, etc. et j’estime que c’est pour moi un devoir de partager cet héritage avec de jeunes instrumentistes ainsi qu’avec le public (chaque compositeur est unique, jusque dans son système de notation, comme entre Gérard Grisey, Pierre Boulez ou Salvatore Sciarrino par exemple).
Les pays au-delà du rideau de fer n’ont eu qu’un accès tardif à notre musique contemporaine.
Pourtant les pays d’Europe de l’Est ont un long héritage musical et l’enseignement a produit et produit toujours d’excellents musiciens. J’ai été amené à diriger il y a quelques années l’Orchestre philharmonique de Macédoine. Les musiciens sont friands de nouveaux répertoires : même pour La Nuit transfigurée, ils n’étaient pas familiers avec cette musique.
On a constitué cet ensemble Altus New Breath avec le ministère de la culture macédonien – il y a d’excellents musiciens dans ce pays (et ailleurs dans le monde compte tenu de la diaspora : on va d’ailleurs jouer une œuvre de Pande Shahov, qui est professeur de composition au Royal College of Music de Londres, je pourrais citer également la flûtiste Elena Stojceska qui a étudié à Paris). Il y a en Macédoine un superbe orchestre philharmonique, un opéra et le public est très ouvert : j’ai joué -en création locale ! Music for eighteen musicians de Steve Reich : salle pleine et standing ovation ! J’ajouterai que la Macédoine est un pays très francophone et francophile.
Ayant des connections culturelles avec l’Allemagne et l’Autriche (j’ai enseigné à Vienne), j’ai pu organiser des échanges : nous jouerons par exemple au Mozarteum de Salzbourg des œuvres de Augusta Read Thomas, Johannes Maria Staud, Pierre Boulez et Pande Shahov. On participera début octobre à un nouveau festival de musique contemporaine à Salzbourg « Dynamikfest« . L’idée est de faire la jonction entre la génération des Boulez, Stockhausen, Berio… et les jeunes générations de compositeurs. On aura quatre concerts avec l’ensemble cette saison et des projets avec le Festival d’Ohrid, au Nord de la Macédoine.
Ma position d’interprète, de non-compositeur, m’aide à sortir des clivages et des chapelles de la musique contemporaine – j’ai pu ainsi faire des programmes incluant aussi bien Luciano Berio que Steve Reich ou Toshio Hosokawa. Comme le comédien, l’interprète est une interface entre le public et la musique contemporaine ; en Macédoine, comme en Allemagne, le public connait et est attaché aux musiciens ; c’est une facilité lorsqu’ils voient un interprète qu’ils connaissent pour jouer Beethoven, interpréter du Ligeti par exemple. »