Encore une belle soirée avec l’Orchestre national d’Île de France dirigé par Enrique Mazzola. Cette formation déploie une véritable politique de vulgarisation – ce concert aura été donné 8 autres fois en Région parisienne, et sans démagogie, eux… Ils poursuivent l’excellente initiative d’avoir un compositeur en résidence qui écrit des œuvres spécifiquement pour l’orchestre, ce qui permet une initiation à la musique contemporaine.
C’est en ce moment le grand compositeur japonais, installé à Londres, Dai Fujikura qui est en « résidence ». Cet après-midi, c’était la création mondiale, en ouverture, de son Ghost of Christmas. Un plaisir de voir un compositeur de ce talent se prêter volontiers à écrire une pièce de circonstance en quelque sorte, adaptée à un public non connaisseur a priori de la musique contemporaine. D’autant que l' »entertainer » qu’est Enrique Mazzola a pris la peine de faire quelques commentaires illustrés musicalement pour introduire l’œuvre. On aimerait tant voir généralisée une telle démarche dans des concerts plus spécialisés… Ce concert doit être diffusé sur France Mu et devrait permettre d’apprécier la si délicate orchestration de cette pièce, que j’allais qualifier de « Takemitsu », mais ce serait un peu simpliste.
Je passerai rapidement sur le concerto de Tchaikovsky donné par le violoniste américain Stefan Jackiw, à la belle sonorité aux – très – nombreux pianissimi, qui m’a semble manquer, outre de projection sonore, d’un peu de vivacité, voire de rusticité – j’ai encore en mémoire Sarah Nemtanu, 1er violon du National, avec Masur en 2012, lecture sans doute plus engagée. Amusant d’entendre le public applaudir à la fin d’une cadence, sans attendre la fin du 1er mouvement.
Suivaient Feux d’artifice qui sonne finalement plus Dukas que Rimsky et la version 1947 de Petrouchka, superbement menée par le chef. Au premier balcon, on regrettait un certain manque de présence des bois – et pourtant quels instrumentistes : la 1ère flûtiste si justement ovationnée, le 1er clarinettiste, le trompette solo, jusqu’au tuba, mais il faudrait en fait les féliciter tous y compris les cordes. Enrique Mazzola dirigeait avec son sens de l’accent, du rythme et de l’animation qui lui sont habituels. Encore une séquence pédagogique et humoristique pour le bis où il donnait la fin de Petrouchka dans sa version ballet, ce qui me fit regretter qu’il ait la choisi la version 1947 !