Des œuvres orchestrales de compositrices dirigées par des cheffes. On rappellera que dans les années 20/30 il existait des orchestres entièrement féminins.
J’avais commencé il y a dix ans une liste de cheffes que j’ai dû abandonner tant elles sont maintenant nombreuses, même si toujours très minoritaires. (J’ai assisté récemment à une très belle prestation d’Ariane Matiakh à la tête de l’Orchestre de Paris).
Le programme mêle époques et esthétiques très diverses. Il débute avec une Intrada de notre chère Edith Canat de Chizy (1950*), avec ce beau commentaire : « Je n’ai aucun message à faire passer : j’entends simplement traduire ma propre expérience humaine ». Une courte pièces d’une belle orchestration parsemée d’éclairs
Charles Gounod décrira Fanny Mendelssohn (1805-1847) comme « une musicienne inoubliable, une excellente pianiste et une femme d’une intelligence supérieure ». L’Ouverture en do » est une pièce agréable avec des passages très poétiques, même si elle n’est pas vraiment marquante.
Germaine Tailleferre (1892-1983) déclare également : « J’ai fait de la musique qui me plaisait, vous comprenez, sans aucune espèce de
considération si j’étais un homme ou une femme. » Sa Petite suite pour orchestre (1957) sonne très « Groupe des six », avec des inspirations asiatiques, méridionales, marches guillerettes, etc. Une œuvre aussi légère que plaisante.
Anna Clyne (1980*) est une compositrice d’origine britannique qui déclare, elle, à propos de cette pièce Restless Oceans « Mon intention était d’écrire une pièce provocante qui embrasse le pouvoir des femmes » (cette pièce a été créée par Marin Alsop et l’orchestre de femmes Taki Concordia Orchestra). Les instrumentistes sont invités à taper du pied et à chanter. Sonne un peu comme du Holst revisité ou du David de Tredici.
L’œuvre qui m’a le plus passionné est Mosaic (2009) de la compositrice d’origine libanaise Bushra El-Turk (1982*), pièce mystérieuse, finement orchestrée, avec de grandes amplitudes dynamiques jusqu’à la fin d’un « silence assourdissant ».
Camille Pépin (1990*) figure dans de ce programme avec Aether, concerto pour harpe, marimba et orchestre. Pour faire court, c’est une esthétique qui m’est étrangère ; il me faut du génie, comme Régis Campo dans certaines de ses pièces de ce type, pour apprécier les musiques de style répétitif.
Enfin, Andromède d’Augusta Holmès (1847-1903) : c’est une pièce qui fait sourire tant elle semble un décalque du Vaisseau fantôme, mais c’est très réussi.
Je ne connais pas les cheffes qui officient dans ce programme, sauf Kanako Abe que j’avais interviewée il y a déjà près de 10 ans.
Un disque bien intéressant