Nicolas Stavy – Intégrale de l’œuvre de piano de Schnittke – Vol. 1

On connaît mieux de nos jours la musique d’Alfred Schittke (1934-1998) : polystylisme (cf. son Concerto Grosso n°1), détournements ironiques (Requiem), tragique (Concerto pour alto n°1), « un collage expressif où les styles se superposent, se contredisent, s’imitent ou s’effondrent, au service d’une vision profondément tragique et spirituelle ».
Sa famille s’installera en Russie, plus exactement dans la « République socialiste soviétique autonome des Allemands de la Volga » : Catherine II, allemande et épouse de l’empereur Pierre III, incitera des Allemands à s’installer dans cette région au XIXe siècle. Cette république sera dissoute par Staline en 1941.

Il aura assez peu écrit pour le piano, notamment (en bleu les pièces présentes sur ce CD) : 

  • 5 Préludes et fugue (1954)
  • Prélude et fugue (1963)
  • Improvisation et fugue (1965)
  • Petites pièces (1971)
  • Suite dans un style ancien (1972)
  • Stille Nacht (1978)
  • Trois pièces (1984)
  • Les trois sonates (1988 – 1991 – 1992)
  • 5 Aphorismes (1990)

Nicolas Stavy est un pianiste qui fait preuve de diversité dans les répertoires qu’il pratique et d’une grande curiosité. On avait beaucoup apprécié son récent CD qui abordait des pages méconnues de Chostakovitch.

Les compositions pour piano ont été peu enregistrées : à part quelques pièces isolées, on disposait essentiellement de l’anthologie substantielle de Boris Berman

La 2e Sonate (1990) m’a fait immédiatement penser à la 2e Sonate « Concord » de Charles Ives (1938) : le même style un peu atonal, rythmé, décidé mais variable y apparaissait déjà. Œuvre de jeunesse, les 5 préludes et fugue convie nombre de compositeurs à l’élaboration du « polystylisme » ; Chopin, Proko, Rachma, Schumann, Scriabine… Mais on trouvera déjà au-delà du patchwork une voix singulière.
Le Prélude et fugue est  cette fois un peu dodéca, mais avec un côté « abstraction lyrique ».
Les Petites pièces sont huit miniatures sont d’un charme parfois enfantin, parfois presque vénéneux. On notera le « collage » de Ravel dans la numéro 7 ou dans la 8, bien que dans un style très « proko ».  Les 5 Aphorismes tardives sont comme une récapitulation des caractéristiques de la musique de Schnittke : dodéca chantant, emprunts, second degré ou réminiscences fantomatiques.

L’interprétation de Nicolas Stavy  m’a paru excellente en tous points, bien enregistrée, jamais superficielle. En comparant avec Berman dans la sonate, N. Stavy prend des tempi plus lents que ceux de B. Berman – c’est un peu moins allant mais plus profond.

Une réussite.

 


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