La pianiste Katherine Nikitine, professeur de piano au Conservatoire de Genève (et également organiste), signe ici son premier album solo. Elle déclare avoir voulu ajouter une pièce à Islamey, mais devant la qualité des pièces déchiffrées, se résolut à faire un album de pièces de Balakirev seules. On le comprend bien à l’écoute de CD.
On a commencé l’écoute néanmoins par Islamey, pièce réputée si difficile, de l’aveu même de Philippe Entremont avec qui j’en parlais récemment. Katherine Nikitine « la fait » en 9’35 ». J’ai trouvé une version live de Pogorelich à Carnegie Hall en 1995 qui la faisait en 8’30 », aussi ébouriffante que le fameux concert de Svetlanov de 1987 (orchestration Lyapunov).
Mais alors ? Et bien Katherine Nikitine a eu bien raison de ne pas essayer de battre des records de vélocité, mais de faire ressortir toutes les beautés sonores de l’œuvre tout en maintenant un drive essentiel. On a presque envie d’applaudir avant le passage lent central, comme le faisait le public de Carnegie Hall… Ici, le toucher est très raffiné au service de timbres magnifiques (et cette fois-ci j’ai trouvé la sonorité toujours aussi claire mais moins dure que dans certains enregistrements du piano opus 102 de Stephen Paulello – excellente prise de son).
Outre L’alouette, page donnée assez souvent, basée sur une mélodie de Glinka, on trouvera entre autres l’élégance de Au jardin, la rêveuse Mazurka, la grave Poustinya, une Valse charmante, un Scherzo un peu rude, les schumanniens Phantasiestück très poétique ou l’Humoresque très Florestan, pour finir avec une Fileuse très virtuose.
Un magnifique disque de piano paru chez Hortus.