Luciano Berio et les cordes

Un petit prélude en évoquant Luciano Berio et Paul McCartney. On les voit tous les deux sur cette image après une conférence de Berio à L’institut culturel italien de New York en 1966, conférence à laquelle assistait ‘Popol’, qui s’intéressait alors aux possibilités offertes par les musiques contemporaines. (Photo incluse évidemment dans ma galerie « Composers meet eachother« ).
Luciano Berio voyait d’un bon œil les chansons des Beatles, à tel point qu’il en transcrira certaines à l’attention de la mezzo Cathy Berberian :

Mais revenons à nos cordes – huit ici – pour les 34 duos pour deux violons de Berio (1979-1983) qu’accompagnent les 44 duos pour deux violons de Bartók (1931). C’est un couplage si évident alors qu’il ne s’agit seulement de sa deuxième version discographique. 
Quelle inventivité chez Bartók tout au long de ces 44 pièces tantôt lyriques, tantôt si rythmées. On peut écrire tant de belles choses avec ces huit cordes, comme d’ailleurs pour la Sonate pour deux violons de Prokofiev écrite un an plus tard et pas assez souvent jouée à mon gré (mais enregistrée par Maria Milstein et Mathieu van Bellen).
Ces duos sont basés sur une mélodie populaire d’Europe de l’Est, principalement de Hongrie, de Slovaquie, de Roumanie et d’Ukraine. Les deux instrumentistes sont non seulement techniquement impeccable, mais leur entente permet de caractériser au mieux chacune des pièces (l’enregistrement ne suit pas l’ordre des pièces), comme dans le dialogue espiègle du n°1 ou le « piquant » n°15 (Danse des moustiques).

Luciano Berio s’est vu suggéré par un violoniste l’écriture de duos pour deux violons et s’est mis à la tâche pour en écrire 34, pièces à vocation pédagogique comme chez Bartók. Chacun porte en titre le prénom d’une personnalité  (Shchedrin, Maderna, Boulez…), le premier étant prénommé Béla…. Bien que leur ordre ne soit pas imposé, il est suivi ici.  Avec des jeux instrumentaux plus avancés, on retrouve les mêmes caractéristiques des Duos de Bartók ; le premier aurait effectivement pu être écrits par le dédicataire. Certains sont parfois fiévreux (n°20) ou délicats (n°14 – « Pierre »).

Un enchantement et un enregistrement de référence (2 CDs parus chez Channel Classics).


16 cordes cette fois-ci avec l’intégrale de ses quatuors joués par le Quatuor Molinari, formation québécoise spécialisée dans le répertoire contemporain.
Ces quatuors sont au nombre de 5, écrits à différentes périodes de sa vie créative, de 1952 pour le premier à 1997 pour l’ultime.
Le premier Study est très bref, assez seconde école de Vienne, le 2e Quartetto per archi est d’un style postsérialiste, pourtant lyrique; elle ne dure que 7′. Le 3e Sincronie est plus expérimental, plus centré sur le son.
Le 4e, Notturno 1993) fut composé pour le Quatuor Alban Berg et dédié à Lorin Maazel. Citons,  l’auteur du livret, Jean Portugais : « Une écoute répétée de ce quatuor exceptionnel [22′] confère à ces murmures et non-dits une dimension prodigieusement expressive, riche, libre et féconde en nouveaux espaces sonores ».
Le dernier, Glosse est une pièce de concours écrite à partir d’un rassemblement d’esquisses, « un quatuor qui n’existe pas » dixit l’auteur, mais qui s’écoute très bien !

Très belle prestation instrumentale pour ce CD paru chez Atma Classique.

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