Louis Durey par le baryton Holger Falk

J’apprécie, quand l’occasion se présente, de faire des papiers sur des artistes étrangers, même s’il interprètent des mélodies françaises.
Je me rappelle un dîner il y a quelques mois où un voisin de table me demande mon chanteur de mélodie préféré : je réponds sans hésiter Camille Maurane et me voilà agonisé : il était lui-même un chanteur de mélodies et il l’abominait :  » pas de vibrato, Debussy avait des idées contraires sur la question, etc.  » mais on était à la fin de la soirée et cela s’arrêta là.
Quand je réécoute Souzay ou Kruysen – j’adorais ce dernier étant jeune – j’en reviens à Maurane. La qualité de « l’organe » et de son usage est bien sûr essentielle et pour la mélodie française, on attend de plus une qualité de la prononciation : à part Maggie Teyte, l’accent anglo-saxon m’est souvent insupportable dans la mélodie française (j’imagine l’inverse).

La maison Schimmer de Cologne a bien voulu m’adresser ce CD du baryton allemand Holger Falk consacré aux mélodies de Louis Durey (1888-1979), le plus méconnu du groupe des Six ; compositeur effacé, amateur de la musique de Schoenberg, résistant et aussi communiste – il composa sur deux textes de Ho-Chi-Minh…). Si des mélodies de jeunesse furent éditées avec l’aide Ravel, bien d’autres sont restées manuscrites nous indique l’auteur de l’excellent livret, le pianiste et compositeur allemand Steffen Schleiermacher.

Le programme proposé repose principalement sur des mélodies de 1918 / 1919 à part vergers sur des poèmes de Rilke. Il commence par Le Bestiaire ou cortège d’Orphée d’après Apollinaire en pas moins de 26 morceaux qui ne sont jamais caricaturaux et d’un accompagnement assez simple.  Les Six Madrigaux de Mallarmé sont d’une écriture plus moderne et très poétiques. Retour à une certaine simplicité « satienne » avec les Épigrammes de Theocrite et les Trois poèmes de Pétrone. Après un Hommage à Erik Satie (comme beaucoup, Durey se fâchera avec Satie), sur un texte surréaliste de Cendras, trois belles  Chansons basques avec des textes de Cocteau.

Un très beau disque très bien interprété par Holger Falk qui combine beauté vocale et style et est assurément un des grands chanteurs de sa génération, sans oublier l’excellent accompagnement, toujours coloré, de Steffen Schleiermacher.  Quand on ajoute l’évidence de la prise de son, la présence des textes et la beauté de la pochette !

The two in a conversation (mind the bad sub-titles) :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.