J’apprécie, quand l’occasion se présente, de faire des papiers sur des artistes étrangers, même s’il interprètent des mélodies françaises.
Je me rappelle un dîner il y a quelques mois où un voisin de table me demande mon chanteur de mélodie préféré : je réponds sans hésiter Camille Maurane et me voilà agonisé : il était lui-même un chanteur de mélodies et il l’abominait : » pas de vibrato, Debussy avait des idées contraires sur la question, etc. » mais on était à la fin de la soirée et cela s’arrêta là.
Quand je réécoute Souzay ou Kruysen – j’adorais ce dernier étant jeune – j’en reviens à Maurane. La qualité de « l’organe » et de son usage est bien sûr essentielle : dans le cadre de mon activité professionnelle, j’ai eu à organiser des récitals d’un baryton ami de mon patron : style, beauté de la voix, mais des passages de registre qui couinaient : c’était assez insupportable. Pour la mélodie française, on attend de plus une qualité de la prononciation : à part Maggie Teyte (ou mon amie Phyllis Bryn-Julson dans Boulez), l’accent anglo-saxon m’est souvent insupportable dans la mélodie française (j’imagine l’inverse).
La maison Schimmer de Cologne a bien voulu m’adresser ce CD consacré aux mélodies de Louis Durey, le plus méconnu du groupe des Six, composteur effacé, amateur de la musique de Schoenberg, résistant mais aussi communiste il (composa sur la musique de Ho Chi Minh…).