Que voilà un disque aussi original que réussi. Cyrille Dubois et Tristan Raës (le fils du pianiste Alain Raës) forment un duo bien rôdé et cela s’entend.
Franz Liszt (1811-1886) a composé des dizaines de Lieder ou mélodies, de 1839 à 1886, d’après des textes allemands, italiens ou français, seuls deux ou trois en hongrois à la fin de sa vie.
On ne sait que louer à l’écoute de ce CD : la beauté du timbre du ténor, sa facilité d’émission, son contrôle des dynamiques, sa tenue de la ligne, accompagné en osmose poétique par le pianiste.
C’est amusant de comparer avec l’ancien enregistrement de Dietrich Fischer-Dieskau, par exemple dans Pace non trovo des Trois sonnets de Pétrarque : Quand celui-ci est assez lourd et presque criant, nos deux compères, dans un tempo un peu plus allant, allègent, animent, diversifient et sont ainsi captivants. En recherchant d’autres références, j’ai écouté Lasst micht ruhen par Gérard Souzay et Dalton Baldwin, vieille prise de son aidant, c’est plus « mâle » et plus présent, mais plus univoque aussi.
En ce qui concerne les (nombreuses) interprètes féminines, si l’on compare Die Loreley avec par exemple la version de Ruth Ziesak, on est immédiatement conquis par son charme et sa vocalité, mais on perçoit ainsi mieux chez Dubois et Raës leur art de la construction musicale et dramatique : plus de relief en un mot.
Un grand disque, qu’il faut écouter et réécouter tant il recèle de travail sur les textes, d’intelligence et de connivences musicales.