On pourrait penser qu’il s’agit d’une façon de trouver des programmes originaux en rassemblant des œuvres créées la même année. D’ailleurs, un CD récent est sorti sur le même thème, par la pianiste Yaara Tal, avec des pièces pour piano présentant des esthétiques tout aussi variées.
En fait, il s’agit ici de fêter le centenaire des émissions radiophoniques, sous l’égide de la Radio bavaroise. En 1923, la International Society for Contemporary Music (ISCM) faisait jouer trente-six œuvres de compositeurs venant de huit pays différents, dont celles du présent programme.
1923, année riche et troublée, avec notamment l’occupation de la Ruhr par la France pour obtenir des réparations de guerre et l’apparition d’Hitler dans le paysage politique.
En France, c’est la création et Cydalise et chèvre-pied de Pierné et d’Hyperprisme de Varèse… C’est aussi « l’ouverture au Grand Palais à Paris du premier salon de la radio intitulé « Exposition de physique et de TSF ». Il y est présenté le Radiola-secteur, le premier poste récepteur sans batterie qu’on peut brancher directement sur une prise électrique ». (WP)
On trouve donc le 1er Quatuor de Leoš Janáček, Minimax de Paul Hindemith, Le Quatuor à cordes op.3 d’Alban Berg, Cinq pièces pour quatuor à cordes d’Erwin Schulhoff et Movement pour quatuor à cordes d’Aaron Copland.
Pour Janáček, on a connu des interprétations plus « terroir », mais d’une musicalité aussi fine comme celle du Schumann Quartet, rarement. Minimax d’Hindemith est écrit pour quatuor à cordes et intitulé pourtant : « Répertoire pour musique militaire »… En six mouvements, elle fut écrite en deux jours. C’est parodique, mais d’un humour… hindemithien. Bonheur d’entendre une interprétation si maîtrisée de l’op.3 de Berg et de superbes ambiances Mitteleuropa de Schulhoff.
Bien que peu fan de sa musique (je ne supporte pas son Adagio), Movement est une pièce de 6′ pas racoleuse et très plaisante, à la fois allante et mélancolique.
Programme très original magnifiquement interprété (et capté).
Initiative intéressante : un bonus est disponible sur les plateformes seulement : un Charleston, pas très endiablé d’ailleurs :