On a du mal à imaginer aujourd’hui l’immense retentissement international (du moins en Occident) et l’aura qui entourait Franz Liszt. Même aux États-Unis d’Amérique, de son vivant, des professeurs de piano se réclamaient de lui…

Il ne se revendiquait aucunement professeur de piano (il tenait les conservatoires en piètre estime) et donnait d’ailleurs  peu de conseils techniques (quand un élève n’avait pas le niveau technique : « allez laver votre linge sale » – sous-entendu pas au lavoir bien sûr, mais au conservatoire), et se concentrait sur l’interprétation.

Lina Ramann (1833-1912) approchera Liszt grâce à son mari – son cœur se sera ensuite orienté autrement. Sans devenir une pianiste professionnelle, elle fut néanmoins un des disciples les plus proches de Liszt, lequel collabera d’ailleurs à sa première biographie écrite par la même Ramann.

Avec son « Liszt-Paedagogium », elle voulait transmettre la tradition lisztienne, qui fatalement allait s’éteindre avec ses derniers élèves. Pour écrire cet ouvrage, elle se basa sur ses propres souvenirs ainsi que sur ceux des derniers élèves du maître.

C’est une mine d’informations et d’éclairages sur l’œuvre pianistique de Liszt. Comme pour les interprétations « informées » on peut parfois émettre des réserves sur certains aspects – comme quand on écoute les « rouleaux » de Debussy, Mahler ou Rachmaninov. Parfois certains passages interrogent – en tout cas l’indigent solfégiste que je suis : « […] dans le style lapidaire des thrénodies[…] »  ou « […] accentué de façon trochaïque ».  (L’incipit de l’ouvrage : « La lettre tue, mais l’esprit vivifie »…).

Pour moi, le grand mérite de cet ouvrage est de faire réfléchir l’interprète et de lui proposer de nouvelles perspectives. On trouvera conseils et analyses pour des œuvres très variées de Ave maris stella aux Funérailles (cf.).

Une parution passionnante et importante parus chez Symétrie.