Ce deuxième opéra de Charles Gounod (sur douze), créé en 1854, reste pour le moins méconnu. On a assisté ce soir à la Générale à l’Opéra-comique. Il n’a été joué que onze fois en France depuis sa création… Il n’en existe d’ailleurs qu’un seul enregistrement (chanteurs et chœurs à la prononciation française un peu exotique, mais très bien dirigé par Hermann Baumer).
Il faut dire que, comme pour beaucoup d’opéras, le livret n’aide pas. Cette histoire d’amoureux façon Roméo et Juliette pimentée avec fantôme a été légèrement remaniée et coupée avec bonheur par Laurence Equilbey pour apporter plus de cohérence dramaturgique et éviter quelques redondances.
Mises à part certaines longueurs, quelques tournures parfois un peu convenues voire pompières, la musique de Gounod (dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance) est une merveille, alternant séquences d’une légèreté exquise à des passages d’un dramatisme réussi – où l’on pense sans cesse à Weber, voire Mendelssohn – Gounod lui rendit visite après son séjour de Rome – cf.
Outre le livret bancal de Scribe, on ne peut pas dire que la distribution des rôles soit homogène : il n’y en a presque que pour Rodolphe, Heureusement ce rôle était impeccablement tenu par Michael Spyres : multiples ovations amplement méritées lors de cette générale. Il tient quasiment le spectacle à lui seul, en tout cas la distribution, sans omettre le rôle du page chanté par Jodie Devos impeccable d’humour et de clarté vocale.
Quelques bémols : si les scènes des spectres et de la noce avortée ont été superbement menées, si le chœur Accentus est impeccable, la direction de Laurence Equilbey m’a paru efficace pour gérer l’ensemble mais un peu métrique et on va dire que l’Insula orchestra sonnait plus boisé que lumineux. Décors et mise en scène un peu minimalistes, mais ne serait-ce que pour les chanteurs cités et cette œuvre si rare, je conseille le voyage à la Place Boieldieu ! (Jusqu’au 14 juin – Programme excellent).