Jean-Baptiste Doulcet et les Nordiques

Emballé par un de ses récital parisien, j’avais sollicité une interview auprès de Jean-Baptiste Doulcet en 2020 – La situation durant l’épidémie était alors difficile pour tous les musiciens. 
Désormais, il a donné un nouvel élan à sa carrière et propose avec ce CD un programme peu couru, en tous cas par les pianistes français.
A la lecture du programme on se dit qu’il est allé cherché des pièces peu fréquentées pour se détacher du lot des publications. Ce serait oublié qu’il a eu une professeure suédoise, qu’il a vécu un an en Finlande et qu’il s’est marié avec une musicienne danoise, pays où il est maintenant établi et où il a fondé une Académie d’été, à Odense.

Le CD débute par la Suite du temps de Holberg, « Suite dans le style ancien » op. 40 écrite en 1884 afin de célébrer le bicentenaire de la naissance du dramaturge et auteur danois Ludvig Holberg. On en connaît surtout la version de l’auteur pour orchestre à cordes, mais il s’agit bien ici de la version originale.  
Prélude, Sarabande, Gavotte, Air & Rigaudon : si la Suite Holberg fait bien sûr penser au futur Tombeau de Couperin, elle est aussi un peu un clin d’œil proposant des cadres anciens « repeints » au romantisme (Air). Intériorité (Sarabande), allant et délié (Rigaudon) : tout est rendu avec une exquise sensibilité.
Jean-Baptiste Doulcet nous propose également la Ballade op.24 de Grieg, œuvre de près de 18′ (1876), 14 variations sur un thème du folklore ancien norvégien. Considérée comme la pièce la plus important de Grieg pour piano.

De Jan Sibelius, on trouve les 6 Impromptus op. 5 (1894) et Puusarja (« Les Arbres ») op. 75 (1914). Les Impromptus sont de très belles pièces intimes comme le charmant n°3 ou le très intérieur n°6. Quel besoin ai-je eu d’aller comparer l’interprétation avec les quelques versions existantes : c’est d’un niveau très supérieur.
Puusarja est comme un mini-arboretum avec un sorbier est en fleur, un pin solitaire, un tremble , un bouleau et bien sûr un sapin.  Cinq pièces inspirées, poétiques, d’une simplicité qui donne l’impression de les connaître par cœur à la première écoute.

Carl Nielsen est, lui, représenté par 3 Pièces pour piano op.59 (1928) et un charmant « Rêve sur douce nuit ».  Les 3 pièces ont été écrites deux ans avant la mort du compositeur. Ce sont les morceaux un peu « intellectuels » de ce programme, avec notamment l’épatante troisième, qui fait penser tour à tour à Bartók et Janáček…

Une grande réussite par un artiste du piano.

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