Piano Sonata No. 30 in E major, Op. 109 6 Bagatelles, op. 126 11 Bagatelles, op. 119 Piano Sonata No. 28 in A major, Op. 101
C’est à un Beethoven ultime et intime que nous convie le pianiste israélien Ishay Shaer (1983*). Si l’on peut manquer parfois un peu d’ampleur sonore, on pourra goûter une lecture sans doute intimiste mais d’une grande musicalité : l’apaisement de la fin de l’Andante molto cantabile de la 30e ou la beauté lumineuse de la 3e bagatelle de l’op. 126, mieux encore la 4e : pas d’esbroufe, une lecture humble mais pas timide, avec un chant et une déclamation à la fois assurées et emplies de poésie et aussi le beau voyage de la 6e. Mêmes impressions pour l’op. 119 où l’on peut admirer son style toujours cantabile ainsi que sa sonorité toujours maîtrisée.
Quand à l’op. 101, on pourra apprécier le sens du discours dans cette œuvre difficile à mener.
Au total un Beethoven presque apaisé, ni hirsute ou trop ouvertement révolutionnaire, mais « diablement » musical !
À propos de pianiste israélien, Ishay Shaer voudra bien m’excuser de ce petit aparté : quand j’ai écrit mon article enamouré sur le dernier CD de Barenboim consacré à Debussy, les réactions des critiques caciques français ne se sont pas fait attendre : « disque de merde » (ça c’est de la critique…), etc. Bien que connaissant bien sûr mes François, Michelangeli et autres, et même s’il n’a plus les moyens de ses vingt ans, comment ne pas être sensible à tant de musicalité ? C’est un peu comme pour Yuja Wang : en concert ses jupes découpées n’empêchent pas d’apprécier sa grande musicalité (sans parler évidemment de sa virtuosité) : je l’ai entendu à la Philharmonie maîtriser les deux derniers mouvements de la Hammerklavier alors que dans la même salle quelques semaines auparavant Perahia nous y perdait…
Ce qui me fait penser que la critique musicale française et d’ailleurs internationale est bien ‘masculine’…
Mais revenons à Ishay Shaer que l’on espère pouvoir écouter à Paris :