Grand soir à la Philharmonie
Programme :
Vito Žuraj : Insideout, épisode pour soprano, baryton et ensemble
Philippe Manoury : Passacaille pour Tokyo pour piano et 17 instruments
Arnold Schönberg : Erwartung, monodrame en un acte pour soprano et orchestre*
Johann Sebastian Bach – Cantate du mariage « O holder Tag, erwünschte Zeit » BWV 210 (extraits)
Edgar Varèse : Offrandes, pour soprano et ensemble
Johann Sebastian Bach : Passion selon saint Matthieu BWV 244 (récitatif et air « Am Abend; da es kühle war »)
Bernd Alois Zimmermann : Stille und Umkehr, esquisses symphoniques
Orchestre de Paris – Ensemble intercontemporain
Matthias Pintscher, direction
Solveig Kringelborn*, soprano
Yeree Suh, soprano
Jarrett Ott, baryton
Hidéki Nagano, piano
Grand soir : Matthias Pintscher dirigeait l’EIC et l’Orchestre de Paris, la soirée a duré 3 heures et demi et presque tout le gotha de la critique musicale parisienne semblait réuni !
Quelques notes d’écoute, ce concert ayant été enregistré et sera peut-être diffusé ultérieurement. Passons l’évidence, celle de la qualité des instrumentistes et la précision du chef.
Interprètes
Côté solistes, Yeree Suh (Žuraj, Varèse, Bach) montrait une belle voix mais d’un format un peu petite pour la salle, bonne prestation de Jarrett Ott et surtout une superbe Solveig Kringelborn dans Erwartung.
Son
Situé à l’orchestre au centre (à côté de Jean-Pierre Derrien, ce qui permet de passer aussi une bonne soirée côté salle) on avait quelques problèmes de rendu sonore : le trombone semblait venir de la gauche de la salle (phénomène curieux déjà vécu à la nouvelle salle de Radio France), le piano en coulisse retransmis par des hauts parleurs dans la pièce de Manoury sonnait plus fort que le pianiste en salle. Sans doute était-il difficile de régler la salle à la fois pour le grand orchestre d’Erwartung et pour les 8 ou 9 instrumentistes dans Bach.
Œuvres
Insideout de Vito Žuraj : De belles trouvailles orchestrales dans cette oeuvre d’un compositeur apparemment très prolifique – cf. site. Pas très emballé mais à approfondir…
La Passacaille pour Tokyo de Philippe Manoury est une oeuvre ancienne (1994) mais assez fascinante (la cadence, la fin ont un effet dramatique) – on peut l’écouter ici.
Philippe Manoury avait le projet d’une autre pièce pour orchestre spatialisé, mais la salle n’est pas modulable…
Erwartung est une pièce aussi horrible dans son propos que magnifique, très belle exécution. Seule oeuvre vocale de Varèse, Offrandes était elle aussi très bien rendue.
Je n’ai pas compris l’intérêt d’introduire JSB (mais le thème était « Passion » d’où la Cantate du mariage). 2 violons, un alto, un ou deux ‘bois’ et un continuo clavecin / orgue, contrebasse et violoncelle : cela arrivait à sonner néanmoins dans cette grande salle et montrait n’en déplaise à certains que l’EIC peut très bien jouer Bach, comme ils pouvaient très bien jouer la Grand Partita avec Boulez…
Enfin, Stille und Umkehr (« Silence et retour »), esquisses symphoniques de Bernd Alois Zimmermann : sans doute sa dernière oeuvre (1970), très simple, autour d’une note avec une ponctuation de caisse claire, des embryons de mélodie : oeuvre minimaliste mais presque glaçante quand on sait que le compositeur, malade, se suicidera peu après.
Public nombreux et quasi silencieux tout du long !