J’essaie de faire connaître en France des artistes étrangers qui me paraissent de grande qualité. C’est bien le cas de Sandro Ivo Bartoli. S’il a souvent défendu le répertoire italien de la première partie du XXe siècle (Malipiero, Casella, Respighi…), il excelle aussi dans bien d’autres répertoires, cf. ses excellents disques Liszt et Bach. Le voici qui publie une « intégrale » Puccini. La musique pour piano de Puccini tient en un seul CD, en ayant recours à des transcriptions. On comprend bien sûr l’intérêt du Toscan Bartoli pour le Toscan Puccini (1858-1924) !
Programme :
Adagio in A major Piccolo Valzer: Lento molto Scossa Electrica: Marcetta brillante Foglio d'Album : Moderato, con affetto Pezzo per Pianoforte: Calmo e molto lento Tosca: Atto II, Cantate "Sale, ascende l'uman conatico" - Aria "Vissi d'arte" Le Villi: Atto I, Preludio Edgar: Atto III, Preludio Suor Angelica: Intermezzo Manon Lescaut: Atto III, Intermezzo Madama Butterfly: Atto II, Aria "Un bel di vedremo" - Coro a bocca chiusa
Il est amusant de lire que Schoenberg et Webern avaient une haute opinion de Puccini ; ce dernier fit d’ailleurs un voyage pour aller écouter Pierrot qui, paraît-il, lui fit grande impression !
Comme ce CD n’est pas disponible sur les plateformes de streaming, je m’en tiendrai à de rapides commentaires. Il débute par un Adagio très poétique, la Piccolo Waltzer sonne presque comme du Satie. Scossa Electrica est une pièce de circonstance écrite pour les 100 ans de Volta, l’inventeur de la batterie (en 1899 !). Passant 2 pièces peut être apocryphes, un magnifique Pezzo per Pianoforte en mémoire aux morts de la Grande guerre de seulement 16 mesures.
Viennent ensuite des transcriptions d’opéras réalisées par Carlo Carignani, ami d’enfance de Puccini. Sandro les aurait jouées pour illustrer un montage de vidéo clips montrant Puccini ‘live’ – je n’en ai pas trouvé trace. Ne serait-ce que Vissi d’arte : que de poésie ! et le reste est à l’avenant.
Un grand artiste ! Tout son jeu tend vers un maximum d’affect mais sans jamais l’ombre d’un effet, alors que cette musique aurait pu l’y inciter… C’est incompréhensible qu’un pianiste de ce niveau ne soit quasiment jamais invité en France et l’inverse est bien sûr vrai).