Genesis suite – Nathaniel Shilkret – Schoenberg – Stravinsky – Tansman – Milhaud
C’est en relisant le « Igor Stravinsky » d’Alexandre Tansman que je me suis souvenu de l’existence de cette œuvre collective, commandée à Schoenberg, Stravinsky, Tansman, Milhaud, Castelnuovo-Tedesco et Toch par Nathaniel Shilkret. Alexandre Tansman (1897-1986) fréquenta longuement Stravinsky dans le milieu musical californien des années 40, de nombreux compositeurs juifs chassés d’Europe par les nazis ayant émigré vers Hollywood; thuriféraire de l’œuvre de Stravinsky, il s’en éloignera quelque peu, sans doute à cause de l’influence croissante du Schoenbergien Robert Craft, mais lui resta fidèle. Nathaniel Shilkret (1889-1982), était tout à la fois musicien d’orchestre (clarinette), homme de radio, de disque (RCA Victor) – il enregistra pour la première fois Un Américain à Paris en 1925). Compositeur, notamment de musiques de film, il travailla dans de nombreux domaines et collabora par exemple avec Armstrong, Caruso ou Sinatra (cf. ci-dessous). Shilkret ne pouvant assurer seul la composition de l’œuvre, il demanda une pièce à Mario Castelnuovo Tedesco (1885-1968), qui en confia une autre à Ernst Toch (1887-1964), qui le mit en relation avec Alexandre Tansman, qui a son tour contacta Darius Milhaud (1892-1974). Enfin, Stravinsky composa la dernière pièce (Bartók, Hindemith et Prokofiev furent aussi approchés). La motivation des compositeurs venait sans doute aussi du fait de toucher des émoluments en ces temps difficiles… Ce sera donc la seule fois où Schoenberg et Stravinsky apparurent ensemble sur une partition. Il se haïssaient en apparence au moins, notamment après que Schoenberg ait écrit une pièce chorale satirique « Modernsky ». Bien que n’habitant qu’à quelques km l’un de l’autre ils ne croisèrent qu’à de rares occasions, notamment lors de la générale de cette œuvre, malgré les précautions prises par les organisateurs… L’œuvre est pour orchestre, chœur et narrateurs. Le seul lien réel, est la Bible, chaque compositeur ayant écrit dans son idiome, bien reconnaissable à chaque fois. Lors de la création, Shilkert placa le Prélude de Schoenberg en avant-dernière position, effrayé de la modernité du langage. Voici ce prélude : |
Reading “Igor Stravinsky” by Alexandre Tansman, I remembered the existence of this collective work, ordered from Schoenberg, Stravinsky, Tansman, Milhaud, Castelnuovo-Tedesco and Toch by Nathaniel Shilkret. Alexandre Tansman (1897-1986) lengthily attended Stravinsky in the Californian musical circle of the Forties, of many Jewish composers driven out of Europe by the Nazis and having emigrated towards Hollywood; thurifer of Stravinsky, he will move away later on, probably because of the increasing influence of Schoenbergien Robert Craft, but remained faithful to him. Nathaniel Shilkret (1889-1982), was all at the same time musician of orchestra (clarinet), man of radio, recording (RCA Victor) – he recorded for the first time An American in Paris in 1925). Composer, in particular of film musics, he worked in many fields and collaborated for example with Armstrong, Caruso or Sinatra (cf. below). Shilkret who couldn’t ensure alone the composition of the work, required a part from Mario Castelnuovo Tedesco (1885-1968), who entrusted another of them to Ernst Toch (1887-1964), who put him in relationwith Alexandre Tansman, which on his turn contacted Darius Milhaud (1892-1974). Lastly, Stravinsky composed the last part (Bartók, Hindemith and Prokofiev were also approached). It will be thus the only time where Schoenberg and Stravinsky appeared together on a score. They hated each other, in particular after Schoenberg wrote a satirical choral part named “Modernsky”. Although living only few miles one of each othe,r they crossed only on rare occasions, in particular at the time of general of this work, in spite of the precautions taken by the organizers… Work is for orchestra, chorus and narrators. The only real bond is the Bible, since each composer had written in his own idiom, quite recognizable each time. During the première, Shilkert placed the Prelude of Schoenberg in penultimate position, frightened by the modernity of the language. Here is his prelude:
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