François Meïmoun – Entretien avec Pierre Boulez

Le compositeur et musicologue François Meïmoun est professeur d’analyse musicale au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Ce nouvel ouvrage (petit – 104 p. mais très riche) est surtout intéressant pas la transcription de l’entretien que lui accorda Pierre Boulez sur ses années d’apprentissage. Ses problématiques compositionnelles et l’analyse de sa Première sonate pour piano avaient déjà été remarquablement exposées dans « La Construction du langage musical de Pierre Boulez » paru en 2020. (Livre épuisé mais il reste un exemplaire d’occasion chez Amazon :
;-))

On en rappellera les principaux thèmes : l’importance de René Leibowitz, la volonté de mêler son orthodoxie dodécaphonique avec les innovations sonores et rythmiques de son autre maître Olivier Messiaen,  la mise en cause du concept de « Tabula rasa » de l’après-guerre, l’importance de l’enseignement privé, celles également d’Honegger et surtout de Jolivet, l’influence des musiques extra européennes, une apparente indifférence à la situation de la France pendant la 2ème Guerre mondiale (quand tant de musiciens français collaborèrent plus ou moins activement avec l’ennemi, certains par conviction nazie, d’autres plus nombreux pour le profit de leur carrière).

L' »entretien » (entretiens réalisés de 2007 à 2013) est passionnant : la mémoire (il avait entre 82 & 88 ans) et la précision des propos de P. Boulez n’ont d’égales chez F. Meïmoun que ses connaissances de l’œuvre et de la vie des premières années du compositeur et la pertinence de ses questions.

Pour l’anecdote, on y apprend qu’il accompagna Ninon Vallin dans Aida (autre anecdote personnelle : à un concert, Boulez dirigeait je ne sais plus quelles petites pièces néo et pimpantes de Stravinsky – placé devant moi, Michel Guy, ancien ministre de la Culture, Fondateur du Festival d’automne, etc. dit à un ami : « il est prêt à diriger du Puccini ! »).

Ces entretiens retracent donc les premières années du musicien, ses goûts littéraires (Mallarmé, Char, Artaud), picturaux (Klee plus que Picasso) – on n’y parlera jamais de « 7ème art » – et nombre d’influences dont il finira par s’éloigner comme la micro tonalité (cf. ci-dessous). La période abordée ne permettait pas de traiter de la musique électroacoustique. C’est un ouvrage précieux – quel dommage qu’il n’y ait eu d’autres entretiens avec cet « interviewer » de qualité !

François Meïmoun – Entretien avec Pierre BoulezPresses universitaires de Vincennes – 2025 – 104 p. – 15€

wischnegradsky-boulez
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