Fériel Kaddour à l’Institut hongrois
Grâces soient rendues une fois de plus à Ethel Rey, qui préside aux destinées de l’Association Arthemes, et invite régulièrement à l’Institut hongrois des pianistes de talent. Ce fut encore le cas ce soir avec Feriel Kaddour : cette jeune personne, non contente d’avoir mené des études à la rue d’Ulm, au CNSMP et à l’Ecole Normale de musique, est en plus une musicienne : dotée d’une superbe technique, on sent combien elle est pénétrée des partitions qu’elle rend avec un plaisir pianistique communicatif.
Son programme était intitulé « Liszt et Debussy : les métamorphoses de l’eau ». Il était en fait inspiré par la rencontre effectivement peu connue entre le jeune Debussy et le vieillard Liszt en 1886 – j’avoue que j’avais été aussi très frappé en apprenant son existence – (elle rappelait que Debussy lui avait joué alors une transcription de la Faust pour piano à 4 mains).
Au programme :
Couperin : La zénobie, Les lys naissants, Les roseaux et le Tic-toc-choc.
Liszt : Die Lorelei
Debussy : Reflets dans l’eau
Ravel : Jeux d’eau
Debussy : La cathédrale engloutie – Brouillards
Liszt : Nuages gris – Jeux d’eau à la villa d’Este
Albeniz : Evocation – el Albaïcin.
On a admiré le charme des figures de Couperin, avec des aigus comme des feux-follets, son sens des phrases dans Ravel, ses poétiques espaces sonores dans Debussy et ses Liszt très habités.
Évidemment le critique va ramener son grain de sel : je n’aime pas le passage central de la cathédrale joué si fort, on dirait l’Isle joyeuse (mais quelle fin !) et ai moins goûté Albeniz qui me semblait manquer un peu de ‘jarret’ espagnol (j’ai trop écouté la 1e intégrale Larrocha). Mais tout çà n’est que peccadilles par rapport à une vraiment superbe soirée musicale et la découverte d’une véritable artiste.
Au fait que voilà un beau programme de CD : il suffit de remplacer Albeniz par quelque barque perdue sur l’océan ou une quelconque gondole un peu lugubre !
Feriel Kaddour a enregistré un CD très intéressant consacré au compositeur russe Anatoly Alexandrov (1888-1982) (musique dans le style Scriabine / Rachma avec un peu de Debussy) où l’on pourra apprécier sa musicalité.