Fanny et Matthieu Stefanelli

Ce magnifique œil noisette est bien prometteur ! On met le disque et on se dit, tiens pourquoi le violon est-il si réverbéré et un peu éloigné ? C’est parce qu’il suffit de se pencher sur le livret pour s’apercevoir que sur ce CD, la violoniste Fanny Stefanelli alterne l’usage d’un violon traditionnel et d’un violon électrique… 

Il comprend des œuvres de compositeurs contemporains Régis Campo, Graciane Finzi et Mathieu Stefanelli, l’époux de la violoniste, pianiste et compositeur, ainsi que des arrangements pour violon et piano de pièces célèbres.

Yop ! et Pagamania ! : les titres des deux courtes pièces de Régis Campo donnent déjà une idée de leur caractère espiègle, notamment la deuxième, déjantée, avec guitare électrique, piano-jouet, mandoline, douddouk et oud ! Impressions tango de Graciane Finzi reprend les codes du tango dans une atmosphère rêveuse.

Les pièces célèbres transcrites vont des premières Gymnopédie et Gnossienne à la Danse espagnole, la Fille aux cheveux de lin et aux Danses populaires roumaines. Superbe interprétation mêlant justesse et variété de la pièce de Granados, le prélude de Debussy coule comme du miel. S’y ajoutent les Deux Mélodies hébraïques de Ravel, très prenantes. Le prélude a été transcrit par le violoniste Arthur Hartmann (1881-1956, un ami de Debussy), Granados par Fritz Kreisler, les pièces de Satie et Ravel par Matthieu  Stefanelli lui-même.
Les Danses roumaines ont été, elles, transcrites par le violoniste hongrois Zoltán Székely (1903-2001).  Les techniques et/ou instruments utilisés confèrent aux pièces  des sonorités et des atmosphères étranges (la 5 !) et fascinantes (3).

Enfin deux  pièces de Matthieu Stefanelli, compositeur dont on avait beaucoup apprécié une récente monographie (cf.). 
Cabaceo est une sorte de tango devenant de plus en plus endiablé. 
Sur la voie du Shambahala est « une longue prière bouddhiste » visant le paradis sur terre. Chacun des cinq mouvements, entrecoupés de trois « méditations », décrit la montée vers ce paradis. Outre le violon classique ou électrique, elle convoque bol tibétain et gong.  C’est parfois fantasmagorique (II) ou entêtant (V) mais toujours prenant.

Une très belle réussite grâce aux talents conjugués des deux comparses, parue chez Indésens.

 

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