On comprend mieux l’image d’illustration de ce 3e CD du Trio Atanassov quand on se rappelle la passion de Dvořák pour les chemins de fer…
Il existe plusieurs enregistrements de l’intégrale des quatre trios de Dvořák (Trio Suk, Beaux-arts Trio, Guarnieri Trio de Prague…) et on ne compte plus les versions du dernier des quatre, le « Dumky » op.96, présent sur ce disque avec le deuxième trio op.26.
Les deux trios sont dans un style rhapsodique. On pourrait qualifier le premier mouvement du 2e de ballade tchèque où la verve mélodique du compositeur s’écoule dans une forme sonate très lâche.
Le 2e trio op.26 a été écrit peu après la mort de la fille aînée de Dvořák (il perdra deux autres enfants l’année suivante). On se demande toujours d’ailleurs comment a-t-il pu écrire des œuvres généralement si peu noires – Smetana perdra, lui, trois de ses quatre filles, puis son épouse avant d’être atteint de surdité et mourir interné – les deux sont enterrés au cimetière de Vyšehrad, comme Zdeněk Fibich, Josef Suk, sans compter Karel Ančerl, Rafael Kubelík ou Alfons Mucha… D’après WP, « Au XIXe siècle, les compositeurs des autres pays slaves ont commencé à utiliser le terme douma [d’où dumka, pluriel dumky] pour qualifier des pièces musicales sombres et introspectives parsemées de mouvements légers et heureux ».
Cette partition en six mouvements assez courts prodigue nombre de moments d’une poésie emprunte d’une sorte de candeur et de spontanéité. Les musiciens font preuve de qualités qui les placent au plus haut niveau : beauté des sonorités, équilibre sonore, caractérisation… On pourrait aimer un peu plus de « dimarcai » dans le 3e mouvement du Dumky, mais c’est peu de chose pour cette nouvelle réussite, après celle de leur précédent programme de musique française.
Petit quiz pour finir : pourquoi n’y a-t-il pas de relation entre cet album et Zanzibar ? Au fait, j’oubliais la magnifique Élégie de Josef Suk, qui a permis de ne pas titrer cet album « Trios de Dvořák ».