Grand auditorium de Radio-France hier soir.
Au débit :
- Cette salle guère attrayante, avec en plus des musiciens habillés en gris foncé, des pupitres gris foncé et des fauteuils gris foncé.
- Une acoustique bien perfectible (de l’avis général), alors que je ne pouvais guère être mieux placé (j’étais assis par hasard à côté des 2 compositeurs, un peu comme un môme à côté de ses stars du foot…).
- Seulement 500 personnes pour une jauge de 1 200, mais le concert était diffusé en direct.
Au crédit : tout ! Et d’abord les œuvres de nos 2 « jeunes » spectraux (plus ou moins 70 ans tous les deux) pour 2 créations :
Création française pour Le Désenchantement du monde, concerto symphonique pour piano et orchestre de Tristan Murail (2012) et en création mondiale Le Passage du Styx d’après Patinir d’Hugues Dufourt (2014).
Murail : Créée par Pierre-Laurent Aimard et George Benjamin à Munich, c’est une œuvre aimable ; à l’entracte, j’ai fait rire Alexandra Greffin-Klein en lui disant en forme de boutade que c’était une petite Turangalîla avec plus de piano et moins de rythme… Plus sérieusement : « aimable » car, dans sa référence au concerto lisztien, elle présente des parties de piano quasi « romantiques » qui structurent la pièce, « Turangalîla » car l’ombre de Messiaen semble omniprésente ; mais tout cela ne dit pas l’enchantement sonore de cette œuvre.
Dufourt : Inspirée de La traversée du Styx du peintre Joachim Patinir (ici sa plus grande reproduction – 64 cm × 103 cm) : les alliages sonores inouïs – au sens fort du terme – nous ont hypnotisé tout du long, j’en ai encore plein les oreilles… Pour rester dans ma veine iconoclaste, ceux qui ne connaissent de la musique contemporaine qu’Arvo Pärt ou le 3e de Gorecki (j’en connais beaucoup) devraient écouter çà !
Deux chefs d’œuvre donc dans cette esthétique, mais il faut saluer aussi les interprètes : outre le pianiste, l’orchestre et son chef. Hugues Dufourt me disait être quand même inquiet d’un possible accroc : « c’est si difficile ». Et bien quasiment pas un seul décalage, alors que l’œuvre est effectivement d’une difficulté redoutable avec toutes ces combinaisons instrumentales jouées le plus souvent p ou pp : c’est dire le travail des instrumentistes en amont et la maîtrise de Pierre-André Valade !
Et on peut réécouter ce concert jusqu’au 5 avril ici. (et c’est du multi-micros : j’en ai compté au moins 20…).