Debussy – Rosenthal – Ansermet – Praga Digitals
On est confondu : on avait une assez piètre image de Manuel Rosenthal (1904-2003) qui a subi quelques rééditions de concerts indignes – je me rappelle une discographie comparée – hélas perdue – de la 1ère de Brahms où tout le monde avait hurlé de rire. Ici rien de tel, c’est un grand maître qui dirige dans un son d’une qualité inespérée (1959). On a ainsi une des meilleures versions de L’après-midi d’un faune que je connaisse. La fluidité, l’absence totale d’effets, la maîtrise du temps et de la dynamique sont impressionnants. J’ai aussitôt réécouté Philippe Jordan à la tête du même orchestre, 53 ans plus tard. Il est plus lent, avec une balance mieux rendue (les cors), de meilleurs cuivres, mais… la perfection est un peu au détriment de la variété des atmosphères, peut-être un peu plus prosaïques, mais tellement prenantes chez Rosenthal. Je ne reviens pas sur ma critique très positive de cette récente version qui possède sa poésie propre, mais la prise de son de 1959 a tellement plus de présence – seuls les violons trahissent l’âge de l’enregistrement, c’était d’ailleurs ma principale critique du CD Naïve. |
Les Images : pour nous les meilleures versions écoutées jusqu’ici étaient celles de Monteux et Tilson Thomas. Rosenthal fait ici aussi preuve d’une liberté d’interprétation (au bon sens du terme) que l’on n’entend plus guère de nos jours. Gigues est très bien, ainsi qu’Ibéria, qui manque cependant légèrement d’animation et traîne un peu dans Par les rues et par les chemins. Les parfums de la nuit sont cependant enivrants, quant au Matin d’un jour de fête, c’est « guitareux » à souhait et la fin toujours un peu problématique est ici parfaitement menée, avec un xylophone super-soliste…
Rondes de printemps impressionne dès le départ, c’est très enlevé, très « serré », très prémonitoire de Jeux, les équilibres sont très originaux ; c’est sans doute la version la plus tendue et la plus « moderne » que j’ai pu entendre. Nota : on trouve en mp3 sur le net sa version très animée de Jeux.
Pour La boîte à joujoux par Ansermet : cf.
We are puzzled: we had a rather poor image of Manuel Rosenthal (1904-2003) who underwent some unworthy concerts reissues – I remember a compared listening – alas lost – of Brahms 1st where everyone laughed. Here nothing like it, it is a true Master who conducts in a sound of an unhoped- quality (1959).
This is thus one of the best versions of the Prélude à l’après-midi d’un faune I know. Fluidity, the total absence of effects, the control of time and dynamics are impressive. I listened at once to Philippe Jordan at the head of the same orchestra, 53 years later. It is slower, with a better balance (horns), better brass, but… the perfection is a little to the detriment of the variety of atmospheres, perhaps a little more prosaic, but so fascinating with Rosenthal. I do not reconsider my very positive criticism of this recent version which has its own poetry, but the sound recording of 1959 has so much more presence – only the violins betray the recording age, it was besides my principal critic of the Naive CD.
Images: for us the best versions listened up to now were those of Monteux and Tilson Thomas. Rosenthal shows here also a freedom of interpretation (in the good sense of the term) which one hardly hears nowadays.
Gigues is very well, like Ibéria, which misses however slightly animation and trails a little in Par les rues et par les chemins. Les parfums de la nuit is however intoxicating, as for Matin d’un jour de fête, very much “guitar” and the end always a little problematic here is carried out perfectly, with a xylophone as super-soloist…
Rondes de printemps from the beginning, it is very alert, “tight”, premonitory of Jeux, balances are very original; it is undoubtedly the most tended and more “modern” version which I have heard. Foot-note: there is a mp3 on the Net of his very animated version of Jeux.
For La boîte à joujoux by Ansermet: cf.