On pourrait croire que le Trio de Claude Debussy, écrit en 1880 à dix-huit ans et redécouvert en 1982 est une rareté au disque. Il a été enregistré pour la première fois en 1987 par le trio Michigan et depuis on ne compte plus les enregistrements : récemment Capuçon / Moreau / Chamayou, ou encore Rouvier / Kantorow / Muller, Previn / Hoffman /Rosenfeld et Tomassi / Griguoli / Stella, Schuk / Faigen / Gerlinghaus, et les trios constitués : Arensky, Art nouveau Ensemble, Cantabiile, Daroch, Danel, European Fine Arts, Feininger, Gelius, Golub Kaplan Carr, Hamburger, Joachim, di Milano, Neave, Parnassus, Portici, Ravel, Shaham Erez Wallfisch, Siciliano, Solomon, Stradivari, Stuttgart, Te Kōkī, Wiener Schubert… J’en oublie sans doute et pas de trace du Beaux-arts Trio. Pourquoi l’appelle-t-on souvent « Trio n°1 » reste un mystère. On est assez loin de l’évidence et de la cohésion du Quatuor mais c’est une œuvre un peu fin de siècle mais d’une audition fort agréable.
Les interprétations du Trio Atanassov ressortent bien de ce qu’écrit Pierre-Kaloyann Atanassov : « […] une certaine idée que nous nous faisons de la musique française : celle d’une musique empreinte de clarté et d’élégance, de finesse et de raffinement, virtuose et brillante, dotée d’un riche sens de la couleur et des proportions, et faisant rimer passion avec distinction ».
C’est bien ce que l’on entend sans ce CD : la qualité instrumentale de chacun n’a d’égale que leur magnifique cohésion. Pour le Trio de Ravel, un peu plus de swing dans le Pantoum n’aurait pas nui, mais on est immédiatement pris par la profonde poésie de la Passacaille qui suit.
Le CD est complété par le Trio (1998) de Philippe Hersant (1948*) : « Variations sur la sonnerie Ste-Geneviève-du-Mont de Marin Marais » :
Cette œuvre est donc basée sur les trois notes descendantes du carillon de Sainte-Geneviève-du-Mont ; elle est très variée, dynamique, le compositeur : « Le thème de trois notes y est presque omniprésent, mais il passe d’un instrument à l’autre, dans des « tonalités » et des registres différents et il est soumis à de nombreuses variations de tempi et de dynamiques. S’y mêlent parfois des souvenirs, plus ou moins voilés, d’autres carillons célèbres (La grande porte de Kiev de Moussorgsky, ou encore le Carillon de l’Arlésienne de Bizet) ».
Un très beau disque avec un programme équilibré.