Création de Missing – Concerto pour violon et orchestre d’Edith Canat de Chizy
L’orchestre national de France était dirigé par le chef finlandais John Storgards, chef à la discographie déjà très fournie, notamment deux intégrales des symphonies de Sibelius et Nielsen à la tête du BBC Philharmonic Orchestra.
Jean Sibelius - La Fille de Pohjola opus 49, fantaisie symphonique pour orchestre Edith Canat de Chizy - Concerto pour violon et orchestre "Missing" (Création mondiale - Commande Radio France) Carl Nielsen - Symphonie n°2 opus 16 "Les Quatre Tempéraments"
Contrairement à certains, j’ai trouvé la direction de John Storgards et l’orchestre aussi efficaces qu’impliqués, y compris lors du concerto en création.
Sibelius
La pièce de Sibelius est assez rarement jouée. On y retrouve les ambiances nordiques du compositeur, fort bien animées par le chef ; à noter une disposition peu courante des contrebasses à gauche de l’orchestre. L’orchestration est un peu touffue parfois ; il m’a semblé entendre par exemple des traits de trompettes un peu étouffés, mais ce fut une très belle prestation.
Edith Canat de Chizy
Présentation par l’auteur :
Ce concerto est un hommage à Devy Erlih, fervent acteur de la création contemporaine, disparu de façon soudaine et brutale le 7 Février 2012 dans un accident de la circulation, d’où le titre que j’ai donné à cette œuvre, et cet haïku en exergue de la partition : « Particule dans le soleil d’hiver, je voudrais partir. » (Sôma Senshi) … Violoniste moi-même, j’ai cherché dans le traitement de cet instrument à élargir son registre par l’utilisation des harmoniques, des trémolos sur des hauteurs libres, le jeu non-appuyé, flautando, les bariolages, ces modes de jeu générant une multitude de spectres non tempérés, et tout un monde de timbres relayé, accompagné, et amplifié par l’écriture orchestrale. J’ai cherché, par l’organisation des registres, et particulièrement ceux de l’extrême aigu et de l’extrême grave, à dilater l’espace sonore dans lequel le violon puisse entrer en résonance avec l’orchestre, notamment par un jeu d’échos apparaissant à divers moments de la partition. La notion de Soleil d’hiver a ici fortement imprégné mon univers. Bien loin de la tradition classique de la forme du concerto, soliste et orchestre sont ici intimement mêlés.
Edith Canat de Chizy m’avait confié ne pas goûter spécialement la musique de Sibelius (interview), et voilà son œuvre flanquée de deux partitions de Sibelius et Nielsen. Mais l’inspiration de son œuvre par le « soleil d’hiver » donnait de la cohérence au programme malgré tout. Elle m’a dit avoir été très satisfaite de l’écoute des musiciens pendant les répétitions.
Il ne s’agit évidemment par d’un concerto classique : pas de cadence, pas de successions solistes / orchestre; mais une sorte de symbiose entre violon et orchestre. On notera le début mystérieux avec des murmures de l’orchestre, des effets de miroitement, de nombreux unissons violon / vent (notamment violon / trompette !), avec aussi des passages plus dramatiques.
Une œuvre superbe, d’un style très personnel, aussi raffiné qu’élégant, interprétée avec une magnifique assurance par la violoniste Fanny Clamagirand.
J’ai dû quitter à l’entracte, mais le concert est ici :
C’est fantastique justement quand la représentation n’est pas classique, cela permet de découvrir les oeuvres sous un nouvel angle !