Claude Debussy – 3 Nocturnes

Claude Debussy – 3 Nocturnes

whistler

On a retenu que les versions complètes (nombre de chefs n’ont pas enregistré Sirènes à cause de la présence du chœur) et uniquement celles pour le studio (sauf à la fin un concert de Kubelík).

Debussy : ″Le titre de Nocturnes veut prendre ici un sens plus général et surtout plus décoratif. Il ne s’agit donc pas de la forme habituelle de Nocturne, mais de tout ce que ce mot contient d’impressions et de lumières spéciales. Nuages : c’est l’aspect immuable du ciel avec la marche lente et mélancolique des nuages finissant dans une agonie grise, doucement teintée de blanc. Fêtes : c’est le mouvement, le rythme dansant de l’atmosphère avec des éclats de lumière brusque, c’est aussi l’épisode d’un cortège (vision éblouissante et chimérique) passant à travers la fête, se confondant en elle, mais le fond reste, s’obstine, et c’est toujours la fête et son mélange de musique, de poussière lumineuse participant au rythme total. Sirènes : c’est la mer et son rythme innombrable, puis, parmi les vagues argentées de lune, s’entend, rit et passe le chant mystérieux des sirènes.

Nuages

Première sélection avec Nuages (dates d’enregistrement approximatives) :

Leopold Stokowski (1882-1977) – Philadelphie 1929 ? – C’est en général un peu appuyé, mais c’est la version symboliste par excellence,  9
Piero Coppola (1888-1971) – Paris conservatoire – 1938 – Belle lecture, les indications sont suivies à la lettre. 7,5
Stokowski – Stokowski orchestra – 1939 – son très retravaillé, beaucoup de changements d’ambiances, de petites ruptures qui lui permettent d’éviter l’uniformité d’où naquit l’ennui… On a l’impression que Golaud nous attend au coin du bois ! 9
Hans Rosbaud (1895-1962) – Cologne – 1955 – Beau début, malgré des cordes « papier de verre ». Cela manque un peu d’animation, mais c’est attachant. 7,5
Stokowski – London symphony – 1957 – Prise de son un peu lointaine, c’est plus lent et moins dramatisé que ses précédentes versions, plus atmosphérique et moins vivant, 8
Pierre Monteux (1875-1964) – Boston – 1958 – Que d’enregistrements fin des années 50 début des années 60… Tempo assez immuable, ça manque de couleurs malgré la beauté de l’orchestre. 7,5
Constantin Silvestri (1913-1969) – Société des concerts du conservatoire – 1958 – C’est lent mais il y a là une véritable interprétation, très poétique. 8,5
Edouard van Beinum (1900-1959) – Concertgebouw – 1958 – Très bel orchestre, sonorités fondues, mais il ne se passe rien. 7
Ernest Ansermet (1883-1969) – Suisse romande – 1958 – Sonorités très claires, animation dans les phrasés, respiration, un peu trop de harpe, mais une des meilleures versions jusqu’ici. 9
Manuel Rosenthal (1904-2003) – ORTF – 1959 – Vivant, assez animé, pas le plus beau fini instrumental. 8
Jean Fournet (1913-2008) – Société des concerts du conservatoire – 1959 – C’est un peu d’un seul trait, ennuie un peu. 7
Paul Paray (1886-1979) – Detroit – 1961 – Plus allègre, mais très en demi-teintes, très bel équilibre instrumental, mais ne concerne pas vraiment. 7
Carlo Maria Giulini (1914-2005) – Philharmonia – 1963
Superbes sonorités aux cordes, galbe des phrases, respiration, magnifique. 9,5
Jean Fournet (1913-2008) – Czech Philharmonic – 1964
Instruments très chaleureux, grand respect des indications, belles atmosphères. 8,5
Eugene Ormandy (1899-1985) – Philadelphie – 1965 – Très lent, manque de tension dans la conduite de l’œuvre, dommage car l’orchestre est superbe. 6,5
Pierre Boulez (1925*) – Philharmonia – 1971 – Très rapide au départ, cordes un peu émaciées d’une sonorité quelconque, c’est élégant mais assez fade. 7
Jean Martinon (1910-1976) – ORTF – 1974 – Un peu lent, manque d’animation, tout paraît assoupi. Fini orchestral bien supérieur à Rosenthal avec le même orchestre, mais on s’ennuie ferme, grande déception. 6,5
Antal Dorati – (1906-1988) – Washington – 1976 – Ça déroule mais c’est sans grand intérêt… 6,5
Daniel Barenboim (1942*) – Paris – 1978 – Très lent, manque évidemment d’animation au début, mais il se crée un climat attachant, plus Turner que Boecklin. 8
Bernard Haitink (1929*) – Concertgebouw – 1980 – Un peu sur la pointe des pieds (cordes), atmosphère marine, orchestre magnifique. 8,5
Alain Lombard (1940*) – Strasbourg – 1981 – Lent, mais c’est construit, beaucoup d’atmosphère, superbe. 8,5
André Previn (1929*) – London symphony – 1984 – Prise de son lointaine, c’est un peu plat, bel orchestre, mais harpe inaudible. 7
Michel Plasson (1933*) – Toulouse – 1988 – Décidément, l’œuvre, assez accessible à tous points de vue, a inspiré les orchestres régionaux français… Ici, c’est assez fragile, avec une balance orchestrale un peu indéfinie, guère de ligne directrice. 6
Charles Dutoit (1936*) – Montréal – 1990 – On cherche un fil conducteur, c’est assez extérieur. 6,5
Georg Solti (1912-1997) – Chicago – 1992 – Ça commence très mal : il ne se passe absolument rien, ça finit mal : il ne s’est toujours rien passé… 5,5
Louis de Froment (1921-1994) – Luxembourg – 1992 (?) – Cordes un peu provinciales, ça manque d’allant. 6,5
Esa Pekka Salonen (1958*) – Los Angeles – 1994 – Tempo plutôt allant,  évanescent, genre balade nordique dans le brouillard. 6
Lorin Maazel (1930-2014) – Vienne – 1999 – Beau début, après c’est un peu extérieur, un peu lâche aussi. 7
Pierre Boulez – Cleveland – 2000 – Tempo rapide, prise de son 4D aussi horrible que d’habitude, sans timbres, c’est très élégant, mise en place superbe, mais on n’est vraiment pas concerné. 7
Geoffrey Simon (1946*) – Philharmonia – 2000 – Tempo lent, c’est correct, mais on a l’impression que c’est la partition qui guide le chef plutôt que lui-même ne l’éclaire. 6,5
Claudio Abbado (1933-2014) – Berlin – 2001 – C’est allègre, magnifiquement réalisé, mais un peu extérieur à cause du tempo. 7,5
Max Pommer (1936*) – Leipzig Radio – 2003 – Aucune définition, aucune interprétation non plus. 5,5
Jun Märkl (1959*) – Lyon – 2009 – Une belle interprétation, c’est construit, de l’atmosphère, un peu plus de liberté dans la conduite, c’eut été parfait. 8
Djansug Kakhidze (1935*) – Tbilisi – 2011 – Vision expressionniste… mais très vivante, un chef. 8
Ievgueni Svetlanov – (1928-2002) – Philharmonia – ? – On n’a pas réussi à mettre l’oreille sur sa version en Russie. Prise de son lointaine, c’est « buriné », conduit de bout en bout. 8
Emmanuel Krivine (1947*) – Luxembourg – 2013 – La prise de son manque de dynamique, on aimerait des cordes plus présentes, ça sonne un peu d’Indy, belle ambiance, mais un peu extérieur (à dessein semble-t-il). 7,5

Rafael Kubelik (1914-1996) – Cologne – Live – 1966 – C’est chaud, plein d’événements, symboliste, c’est artiste, c’est supérieur… Du coup je l’ai mis en ligne.

Fêtes

Il me reste 15 versions, dont 3 Stoko.

Leopold Stokowski – Philadelphie 1929 ?  Son distordu, pas forcément très juste, très rapide, le cortège est un peu pataud. 7,5
Stokowski – Stokowski orchestra – 1939 – Quelques exagérations, mais c’est assez fulgurant, genre Dukas (L’apprenti sorcier date de 1897). Au début du cortège, les trompettes sont à des km… Emballant. 9
Stokowski – London symphony – 1957 – Tempo plus modéré, prise de son un peu lointaine, beaucoup de violons dans le cortège.  8
Constantin Silvestri – Société des concerts du conservatoire – 1958 – C’est plus léger, bois très français, mais la première partie est un peu plate. Pas d’effet sur les cuivres en sourdine, mais c’est ensuite peu sonnant. 7
Ernest Ansermet – Suisse romande – 1958 – C’est léger, accentué, très chantant, toute la première partie est intelligemment retenue en prévision du cortège.les fanfares manquent un peu de punch, la fin sonne un peu ibère. 8
Manuel Rosenthal – ORTF – 1959 – Première partie très rapide, cortège plus lent et un peu quelconque. 7
Carlo Maria Giulini – Philharmonia – 1963 – Rapide, serré, on entend pourtant tous les détails, un climax un peu plus cuivré, c’était parfait. 9
Jean Fournet – Czech Philharmonic – 1964 – C’est moins vivant, manque d’animation, cuivres pas très clairs. 7
Daniel Barenboim – Paris – 1978 – Première partie assez animée, cortège très bien mené (les cuivres attaquant un peu en dessous ce qui donne de l’effet), ça manque juste un peu de relief, très belle fin. 8
Bernard Haitink – Concertgebouw – 1980 – Première partie bien animée, cortège superbement dosé, ça manque une peu d’aigus et d’un côté plus festif, mais c’est superbe. 8,5
Alain Lombard – Strasbourg – 1981 – Phrasés chantants, manque un peu d’animation. cortège un peu en deçà. 7,5
Jun Märkl – Lyon – 2009 – De belles idées, de l’allègement, mais quelques trous, cortège assez raide. 7
Djansug Kakhidze – Tbilisi – 2011 – Prise de son trop lointaine, pourtant quelques beaux moments. 7
Ievgueni Svetlanov – Philharmonia – ? – Première partie bien menée, cortège cuivré cette fois… 7,5

Rafael Kubelik
 – Cologne – Live – 1966 – Tempo allant, c’est le plus dansant, cortège rapide, qui garde ainsi un côté dansant. fin superbe. 9

Sirènes

Il me reste 7 versions – Ce 3e mouvement est le moins intéressant des 3, j’aurais dû rester sur les 2 premiers et donc convier ainsi Furt, Toscanini, Munch…

Stokowski – Stokowski orchestra – 1939 – C’est très libre, accentué, maritime à souhait, chœur assez fourni, tempo le plus lent avec Giulini, assez magistral. 9
Stokowski – London symphony – 1957 – C’est un peu lointain, plus distancié, plus fondu, un peu Escales. 8
Ernest Ansermet – Suisse romande – 1958 – Plus rapide, plus sonnant, superbe. 9
Manuel Rosenthal – ORTF – 1959 – C’est rapide, animé, pas le plus beau chœur. 8
Carlo Maria Giulini – Philharmonia – 1963 – Très lent donc, un peu trop posé, mais très prenant. 8,5
Daniel Barenboim – Paris – 1978 – Un peu distant, mais bien construit. 8
Bernard Haitink – Concertgebouw – 1980 – La version qui traite le mieux le chœur féminin comme un ensemble instrumental au même titre que les autres.  La version la plus convaincante. 9

Rafael Kubelik
 – Cologne – Live – 1966 – C’est du niveau des meilleurs, avec un chœur aussi intégré qu’Haitink et la même évidence qu’Ansermet par exemple.

Conclusion

Au choix : Stokowski 1939, Giulini, Ansermet ou Haitink : pas de surprise cette fois…

Debussy - Nocturnes

Une réflexion sur « Claude Debussy – 3 Nocturnes »

  1. Je connais mal cette oeuvre, où Boulez -version 4D pas si horrible que ça à mes oreilles en matière de prise de son- suffit à mon bonheur -mais Debussy n’est pas trop mon compositeur de prédilection, loin de là-.

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